Affirmation

De Spinoza et Nous.
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(affirmatio) Ce substantif vient du verbe ad-firmare, ce qui signifie littéralement rendre ferme, aller vers ce qui est ferme. Dans le sens courant, l'affirmation de soi consiste à manifester son individualité, avec clarté et vigueur. L'affirmation revient à faire paraître ce que l'on est, elle serait donc l'expression de l'essence sur le plan de l'existence. Dans ce sens, en latin comme en français, l'affirmation vaut autant sur le plan de l'existence en général (par exemple, affirmer son amitié par un comportement bienveillant) que sur le plan verbal (affirmer que quelque chose est), c'est une façon de rendre manifeste ce qui est vécu ou pensé. En ce sens, un sentiment qui n'est pas affirmé manque de fermeté, c'est-à-dire de présence claire dans l'existence, et restera donc flottant et vaguement défini, de même qu'une pensée (voir aussi fluctuation de l'âme).

Sommaire

Affirmation et positivité

On pourra alors distinguer l'affirmation, comme manifestation existentielle d'une essence, de la simple positivité qui est le caractère de ce qui a une réalité quelconque par opposition à ce qui n'en a aucune. L'homme hypocrite par exemple, pense qu'un tel est fou, ce qui est donc une pensée existant positivement dans son esprit, mais ne l'affirme pas verbalement ou par un comportement quelconque. Cependant, notons dores et déjà que selon Spinoza, cela n'empêchera pas cette pensée de "s'affirmer" dans son esprit, à titre de mode de la substance, indépendamment d'une quelconque faculté de volonté extérieure à cette pensée même.

Affirmation et ontologie

La substance et les attributs

L'originalité de Spinoza est de montrer qu'une essence peut en elle-même être affirmative et que c'est un fait plus fondamental sur le plan ontologique que la simple positivité. En effet, puisque la substance enveloppe par essence sa propre existence (cf. E1P7), son essence est bien de s'affirmer, c'est-à-dire d'exprimer immédiatement son essence sur le plan de l'existence. C'est pourquoi la Substance est elle-même infinie, c'est-à-dire qu'elle est affirmation pure de toute négation (cf. E1P8). Quant aux attributs, ils se comprennent chacun par la positivité de leur essence, puisqu'ils doivent avoir valeur d'essence de la substance, et non par opposition les uns avec les autres. Mais comme l'essence de la Substance le rend nécessaire (cf. E1P16), chaque attribut affirmera en son propre genre l'existence de l'infinité des essences qui découlent de sa puissance.

Les choses singulières

En ce qui concerne les "choses singulières", chacune affirme son essence ou s'affirme dans l'existence autant qu'il est en sa Puissance de le faire. Chacune le fait d'abord en tant que mode de la substance, c'est-à-dire en tant que façon unique de s'affirmer de cette affirmation absolue qu'est la substance. L'effort par lequel chaque chose persévère dans son être peut alors être compris comme l'affirmation propre à chaque chose et constitue son essence (E3P6 et E3P7), à ceci près que l'essence des choses singulières n'enveloppe pas l'existence nécessaire (E1P24), leur affirmation reste donc contingente.

Affirmation et éthique

L'éthique spinozienne consiste sur cette base à renforcer l'affirmation de soi, de façon à rendre plus concrète et cohérente l'existence de cette nécessité intérieure qu'est le désir. Cette éthique de la joie aboutit à l'acquiescement intérieur (acquiescentia in se ipso), cf. E4P52 et à la Béatitude en passant par l'élimination des passions tristes reposant sur l'idée inadéquate d'une réalité de la négation : tristesse, haine, pitié, crainte, espoir etc.

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