Mode

De Spinoza et Nous.
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Un mode (modus) est, dans la langue scolastique, une façon d'être, un état d'une substance. Si un cheval est une substance, le trot ou le galop sont ses modes. Fidèle à sa démarche génétique, Spinoza définit alors un mode comme affection d'une substance, c'est-à-dire ce qui est en autre chose, par quoi cela est conçu. Le galop n'est rien sans le cheval qui galope, il est "en autre chose", à savoir le cheval.

Comme il n'y a selon Spinoza qu'une seule substance, tout ce qui existe excepté la substance doit être conçu comme mode de cette substance, comme autant de manières d'être de cette substance, existant et ne pouvant exister qu'en cette substance. Un Attribut exprime la substance telle qu'elle est en soi, un mode l'exprime secondairement, comme une propriété suit d'un principe, de façon indissociable mais cependant distincte. N'existant qu'au sein de la substance, un mode ne saurait être cause de soi, son essence n'enveloppe pas l'existence. Un mode donné doit son essence de mode à la substance et son existence à l'existence d'un attribut, si c'est un mode infini (E1P23) et à l'existence d'autres modes finis, si c'est un mode fini (E1P28).

Il existe dans le système spinoziste un mode infini immédiat pour chaque attribut, l'entendement absolument infini pour la pensée et le mouvement/repos pour l'étendue. Il existe aussi un mode infini médiat (suivant non de l'infinité de l'attribut mais de l'infinité des modes) : la figure totale de l'univers pour l'étendue et probablement (Spinoza ne le précise pas explicitement) la compréhension infinie de cette figure pour la pensée. Cf. Lettre 64 à Schuller.

Pour exprimer le rapport de la substance à ses modes, on pourra tenter l'image de l'océan et de ses vagues... qui comme toute image a ses limites. L'océan serait la substance, les courants et les vagues ses modes finis. Chaque vague peut être considérée individuellement selon sa durée et son extension particulières, mais elle n'a d'existence et d'essence que par l'océan dont elle est une expression. L'océan et ses courants ou vagues ne peuvent être séparés qu'abstraitement. Le "mode infini immédiat" de cet océan-substance serait le rapport de mouvement et de repos qui caractérise la totalité de cet océan, s'exprimant donc de façon singulière en chaque vague. Le mode infini médiat serait le résultat global du mouvement et du repos des vagues de l'océan. Mais il ne faut pas voir là un processus, en fait tout cela s'imbrique en même temps, le "résultat" qu'est le mode infini médiat n'est pas chronologique mais seulement logique.

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