Essence

De Spinoza et Nous.
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Le latin essentia dérive du verbe esse, être. L'essence est ainsi classiquement l’ensemble des attributs qui caractérisent un être, ce qui lui confère son identité par opposition au fait qu'elle soit, à son existence. Éthique II, définition II précise que l'essence d'une chose est "ce qui, étant donné, fait que cette chose est nécessairement posée, et qui, supprimé fait que cette chose est nécessairement supprimée". Ce qui donne ensuite lieu à cette reformulation : "ce sans quoi une chose, et inversement ce qui sans cette chose, ne peut ni être, ni être conçu". Par exemple, supposons qu'on froisse une feuille de papier sur notre bureau : on ne peut pas faire ensuite que cette feuille n'ait pas été froissée. L'acte de froisser la feuille de papier est ici l'essence de cette feuille de papier froissé : dès que l'acte posé, la chose est nécessairement posée. Tant que cet acte n'est pas posé ou si on parvient à l'empêcher ou encore à le supprimer, il ne saurait y avoir de feuille de papier froissé : sans l'essence, la chose ne saurait exister ou être conçue. Inversement, s'il n'y a pas de feuille de papier froissé, si la feuille de papier est toujours plate, il ne saurait y avoir eu d'acte de froisser la feuille : sans la chose (cette "boule" de papier sur mon bureau), l' essence (le "froissement" de la feuille) ne saurait exister ou être conçue. Bien que distinctes, l'essence d'une chose et la chose elle-même sont inséparables.

Originalité de l'essence spinozienne

On remarquera pour commencer que la définition spinozienne de l'essence ne l'identifie ni à la substance ni au genre et à l'abstraction comme l'ont fait Aristote et la scolastique. L'essence se rapporte ici aux choses singulières et non à des généralités. On peut la rapporter à la cause prochaine adéquate, mais non à n'importe quelle cause.

La substance est ce qui est en soi et se conçoit par soi, ce qui n'est pas "en autre chose". La substance a certes une essence, mais tout ce qui possède une essence n'est pas substance : même si certaines propriétés intrinsèques ou extrinsèques peuvent se rapporter à lui, un triangle ne peut se concevoir sans les lignes droites qui le constituent, ni le plan dans lequel il se manifeste. Le triangle n'est donc pas une substance, mais il n'en possède pas moins une essence. L'essence est ce par quoi une chose peut être conçue mais elle n'a pas à être cause de soi.

Soit par exemple une goutte d'eau, dont l'essence est d'être la réaction à une certaine température entre des atomes d'hydrogène et d'oxygène, dans un rapport de deux pour un (H2O). Si cette synthèse est opérée, la goutte d'eau est posée. Si on supprime cette synthèse ou ne serait-ce qu'un des éléments de cette synthèse, il ne peut plus y avoir d'eau. Aussi essence et existence (d'une chose) ne sont distinctes qu'abstraitement. Concrètement, réellement, il n'y a pas de distinction : la goutte d'eau ne peut ni être, ni être adéquatement conçue sans son essence, la rencontre à une certaine température d'atomes d'hydrogène et d'oxygène. Et cette rencontre, l'essence de la goutte d'eau, ne peut être conçue sans l'existence concrète de cette goutte d'eau. Voir définition.

Questions à traiter : l'essence formelle et l'essence objective, l'essence de la substance et des choses singulières, l'éternité des essences, la connaissance des essences par l'entendement ou par la raison, l'essence de l'homme et des hommes.

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