Désir

De Spinoza et Nous.
Aller à : Navigation, rechercher

Le désir (cupiditas) est l'affect humain le plus fondamental. C'est le conatus en tant qu'il se rapporte à la fois au corps et au mental, accompagné de conscience de soi[1]. "Le désir, c'est l'appétit avec conscience de soi". Le désir fondamental d'exister relève aussi bien de l'affirmation physique de soi que mentale. Ainsi le cupide désirera l'argent aussi bien comme façon d'être plus fort physiquement que mentalement ; physiquement parce que l'argent permet d'acheter à manger, de quoi se soigner etc. ; mentalement parce qu'il permet du point de vue de son imagination une plus grande confiance en soi.

Il importe de voir que le désir n'est pas d'abord un manque mais l'affirmation d'une puissance d'exister et d'être affecté. Seul un être qui existe peut désirer persévérer dans son être, il n'est pas nécessaire de manquer de l'existence pour pouvoir désirer sa conservation aussi bien que l'augmentation de sa puissance, au contraire. De même le cupide n'a pas besoin de manquer d'argent pour pouvoir en désirer. Être cupide, c'est avant tout s'imaginer que sa nature fondamentale est de parvenir à posséder de l'argent. Il s'ensuit que le cupide désire conserver cet état aussi bien qu'en augmenter la puissance en tant que cet état et cette augmentation se rapportent à l'idée qu'il a de lui-même.

Le désir (ou appétit) est l'essence de l'homme en tant que mode singulier et actuel de la substance, l'appétit ou le désir plutôt que la raison ou le langage car s'il ne s'efforçait pas de persévérer dans l'être tout en en ayant conscience, aucun homme ne pourrait faire quoique ce soit d'autre. Tous les autres affects découlent du désir et sans désirer raisonner, parler ou bien vivre, il n'y a ni raison, ni parole, ni éthique. (cf. E3P9, scolie et E4P21).

Il s'ensuit que nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous la désirons. Ce n'est pas parce que nous la jugeons bonne que nous la désirons (cf. aussi E4P19. Mais cette relativité générale des valeurs au désir humain ne signifie pas que toutes soient également adéquates pour le satisfaire. Entre celui qui comprend rationnellement son propre désir et en tire des valeurs pour guider son action et celui qui ne fait qu'obéir aveuglément à ses impulsions quand il juge et agit, il y a une différence de puissance non négligeable (cf. E4P23 et E4P24).



  1. Cf. scolie de E3P9
Outils personnels
Espaces de noms
Variantes
Actions
Découvrir
Œuvres
Échanger
Ressources
Boîte à outils