Lettre 1

De Spinoza et Nous.
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Lettre 1

de Henri Oldenburg à Spinoza

1661



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Epistolae

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Autres œuvres

À Monsieur B. de Spinoza,

Henri Oldenburg.

Monsieur et respectable ami,

J’ai eu tant de regret naguère, après mon séjour dans votre retraite de Rijnsburg, de devoir me séparer de vous, que, sitôt de retour en Angleterre, je m’empresse de communiquer avec vous au moins par lettre. La science des choses qui importent, jointe à l’affabilité et à la douceur des mœurs (toutes qualités dont la nature et votre propre industrie vous ont abondamment pourvu), ont des charmes très capables de ravir tout homme bien né et d’éducation libérale. N’hésitons donc pas, Monsieur, à établir entre nous un commerce d’amitié bien sincère et à entretenir cette amitié par tout genre de bons offices. Vous jugerez par vous-même de ce qu’il est possible d’attendre de mon peu de mérite et vous m’accorderez en retour un droit sur les dons qui vous ont été départis, sur cette partie du moins dont vous pouvez disposer en ma faveur sans préjudice pour vous-même.

Nous avons à Rijnsburg parlé de Dieu, de l’Étendue et de la Pensée infinies, de la différence et de l’accord qui existent entre ces attributs, du mode d’union de l’âme humaine avec le corps, et, en outre, des principes de la Philosophie de Descartes et de Bacon. Mais sur des sujets d’une telle importance nous ne nous sommes entretenus qu’en passant et d’une façon qu’on peut dire fugitive. J’ai l’esprit tourmenté depuis lors, et fort du lien qui nous unit, je vous demanderai en toute amitié de vouloir bien m’exposer plus amplement vos idées sur ces matières et tout d’abord de ne pas refuser de m’instruire sur deux points : 1° Quelle différence faites-vous au juste entre l’Étendue et la Pensée ? 2° Quels défauts observez-vous dans la Philosophie de Descartes et dans celle de Bacon ? En quelle manière pensez-vous qu’il faille corriger ces défauts et, aux enseignements de ces auteurs, en substituer de mieux assurés ? Plus libéralement vous m’écrirez sur ces deux questions, plus étroitement vous m’obligerez, et plus aussi vous me contraindrez à vous rendre, autant qu’il sera en mon pouvoir, des services de même sorte. Des essais de Sciences naturelles écrits par un Anglais, savant de grand mérite, sont sous presse. Il y est traité de la nature et de l’élasticité de l’air, établie par quarante-trois expériences, et aussi des fluides, des solides et autres sujets semblables. Sitôt que l’impression en sera terminée je ferai en sorte que cet ouvrage vous soit remis par un ami passant la mer. Conservez-vous en santé et n’oubliez pas un ami qui vous est profondément attaché.

HENRI OLDENBURG.
Londres, 16/26 août 1661.


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