Pensées métaphysiques/Deuxième partie/chapitre II

De Spinoza et Nous.
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Pensées métaphysiques


Baruch Spinoza


Deuxième partie, chapitre II :
De l'unité de Dieu



Nous avons souvent vu avec étonnement de quels arguments futiles les auteurs se servent pour établir l’Unité de Dieu ; arguments comme ceux-ci : Si un seul Dieu a pu créer le monde, les autres seraient inutiles ; si toutes choses concourent à une même fin, elles ont été produites par un seul constructeur et autres semblables tirés de relations ou de dénominations extrinsèques. Négligeant donc tout cela nous proposerons ici notre démonstration le plus clairement et brièvement que nous pourrons, et cela de la façon suivante.


Dieu est unique.

Parmi les attributs de Dieu nous avons rangé la suprême connaissance et nous avons ajouté qu’il a toute sa perfection de lui-même et non d’un autre. Si l’on dit maintenant qu’il y a plusieurs Dieux ou plusieurs êtres souverainement parfaits, tous devront être par nécessité suprêmement connaissants : pour cela il ne suffit pas que chacun se connaisse seulement lui-même ; car chacun devant tout connaître, il faut qu’il se connaisse lui-même et connaisse les autres, d’où suivrait qu’une perfection de chacun, à savoir l’entendement, serait en partie de lui, en partie d’un autre. Il ne s’en pourra trouver dès lors aucun qui soit un être souverainement parfait ; c’est-à-dire, comme nous venons de l’observer, un être tenant de lui-même non d’un autre toute sa perfection ; et cependant nous avons démontré déjà que Dieu est un être parfait au suprême degré et qu’il existe. Nous pouvons donc conclure qu’il est l’Unique Dieu existant ; car, si plusieurs existaient, il s’ensuivrait qu’un être parfait au suprême degré a une imperfection, ce qui est absurde. Voilà pour l’Unité de Dieu.


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