Définition

De Spinoza et Nous.
Version du 13 juillet 2011 à 15:35 par Henrique (discuter | contributions)
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Une définition (definitio) est une proposition expliquant l'essence intime d'une chose et rien d'extérieur ou de second (par exemple, une propriété) par rapport à cette essence (TIE95 et E1P8, scolie II). Une définition sera uniquement nominale si elle consiste à ne retenir qu'un élément apparamment marquant de la chose à définir : a) elle utilise des abstractions comme les genres et différences spécifiques (ex. l'homme comme "animal raisonnable"), b) elle procède par des propres (ex. Dieu, être infiniment parfait), c) par une propriété (ex. le cercle, figure dans laquelle toutes les lignes menées du centre à la circonférence sont égales).

Pour être réelle ou génétique, une définition devra énoncer la cause immédiate de la chose (ex. un cercle est une figure décrite par toute ligne dont une extrémité est fixe et l'autre mobile) et pouvoir ainsi rendre compte des propriétés qui appartiennent à la chose.

Précisions

Une définition philosophique consiste à énoncer ce qui caractérise essentiellement une chose, ce qui fait que la chose à définir est ce qu'elle est. Il s'agit d'aller au cœur même de la chose et non pas de se contenter de donner des synonymes – comme c'est souvent le cas avec un simple dictionnaire – ou encore de renvoyer à des mots qui supposent eux-mêmes qu'on connaisse déjà ce qui est à définir.

Exemple de définition nominale

Prenons par exemple la notion d'amour : le Larousse le définit comme "sentiment très intense, attachement englobant la tendresse et l'attirance physique, entre deux personnes." Si on y réfléchit bien, il n'y a ici que des mots faisant référence à des notions voisines de l'amour qui mènent plus à des confusions qu'à une véritable clarification : un sentiment peut être très intense sans être de l'amour, au contraire : la haine peut être un sentiment très intense. Ensuite, on peut aimer de façon modérée. L'attachement peut faire penser à de l'amour mais on peut être attaché à nos vieilles pantoufles parce qu'on y est habitué sans éprouver un sentiment d'amour particulier pour celles-ci. En disant que cet attachement englobe la tendresse et l'attirance physique, on ne précise pas mieux les choses, car l'amour dépasse souvent le cadre de l'apparence physique. Enfin, on peut aimer autre chose que des personnes : un animal, une œuvre d'art, un plat cuisiné… même si à chaque fois, on n'aime pas de la même façon, il y a toujours de l'amour. La définition du Larousse n'est donc que nominale, elle se contente de mots qui ne permettent qu'une approche extérieure de la chose à définir.

Exemple de définition génétique

Une véritable définition est "génétique", c'est-à-dire qu'elle met en évidence la cause suffisante de son objet. Qu'est-ce alors que l'amour ? C'est, dit Spinoza, "une joie accompagnée de l'idée d'une cause" (cf E3P13, scolie) Lorsque nous éprouvons une joie et qu'en même temps nous nous représentons un objet comme étant la cause de cette joie, nous l'aimons. Par exemple, j'éprouve un sentiment de bien-être et j'attribue ce sentiment à la présence de mon chien pour qui j'ai l'air si important, j'éprouverai alors naturellement de l'amour pour celui-ci. Un être dont je m'imaginerais qu'il ne me cause que de la tristesse ne provoquerait en moi que de l'aversion ou de la haine.

Ensuite on peut déduire de cette définition un propre et des propriétés. Le propre de l'amour est de m'amener à désirer m'unir à l'être aimé : il est naturel que je cherche la présence de ce qui me procure de la joie. Une des propriétés de l'amour est de pouvoir se changer en haine : quand par exemple j'imagine que l'être aimé ne m'aime pas autant que je l'aime, j'en tire l'idée d'une dévalorisation de ma personne, c'est-à-dire une tristesse et éprouver une tristesse accompagnée de l'idée d'une cause extérieure conduit à un état de haine plus ou moins intense. Les définitions de l'Éthique sont donc génétiques, c'est-à-dire qu'elles vont au cœur même de la chose à penser en donnant son essence, ce qui suffit à faire qu'elle est ce qu'elle est, sa "cause prochaine".

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