Pourquoipas a écrit :Spinoza, en Ethique III, 56, scol., a écrit :(...) Donc ces affects [gourmandise, ivrognerie, libido, avarice, ambition], en tant qu'on les distingue par l'objet seul auquel on les rapporte, n'ont pas de contraires. Car la tempérance que nous opposons habituellement à la gourmandise, la sobriété à l'ivrognerie, et enfin la chasteté à la libido, ne sont pas des affects, autrement dit des passions ; mais indiquent la puissance de l'âme qui domine [moderari, empêcher d'avoir de l'excès] ces affects.
Ce texte contient des mots que l'on ne retrouve jamais dans les listes des vertus spinozistes, je pense qu'il s'agit là d'une simple référence au discours moral chrétien habituel, qu'il ne nie pas, mais qui ne reflète pas sa véritable pensée. N'oubliez pas que pour Spinoza les affects ne peuvent être contrariés que par d'autres affects, remplacés. Or l'absence de sexualité, l'absence de gourmandise, etc. ne sont rien de positifs, et ne sont donc pas des affects.
Je ne vois là, en prenant les termes mêmes de l'Ethique, aucune opposition entre la sexualité et l'amitié. Il faut et il suffit que l'une et l'autre soient sans excès. Qu'on me comprenne bien : je ne dis pas que c'est facile, je dis que ce n'est pas contradictoire dès lors que nous ne sommes ni passifs ni passionnés.
Je ne pense pas qu'il puisse exister une sexualité active, c'est à dire qui naît de la puissance de comprendre, de l'intellect : le désir sexuel naît toujours d'une image, et non d'un concept.
Et l'amitié, puisqu'elle naît de l'intellect, dans la définition de Spinoza, ne peut jamais être excessive.
Quand je dis que l'amour naît toujours d'une image, c'est au sens de l'imagination spinoziste : on aime la beauté d'un visage, d'une main, etc. mais aussi l'odeur d'une peau, d'une chevelure, etc. ou le son d'une voix, le bruit de la soie sur les jambes, etc, ou bien un geste de la main, d'une démarche, etc. Beautés partielles, fétichisme.
Cela n'est rien moins que clair. On peut avoir une explication ? ou plutôt des références, j'irai voir par moi-même.
Deleuze a écrit :"Spinoza est un positiviste parce qu'il oppose l'expression et le signe: Dieu exprime, les modes expriment, les attributs expriment. Pourquoi? En langage logique, on dira que le signe est toujours équivoque, il y a une équivocité du signe, c'est à dire que le signe signifie, mais qu'il signifie en plusieurs sens. Par opposition l'expression est uniquement et complètement univoque: il n'y a qu'un seul sens de l'expression, c'est le sens suivant lequel les rapports se composent."
http://www.webdeleuze.com/php/texte.php ... a&langue=1Sur l'amour :
http://www.webdeleuze.com/php/texte.php ... a&langue=1Deleuze a écrit :C’est que pour lui, la sexualité est inséparable de l’obscurité des signes. Si il y avait une sexualité univoque, à ça, il serait complètement pour, c’est pas, il n’est pas contre la sexualité, si vous pouviez tirer et vivre dans la sexualité des expressions univoques, il vous dirait : “Allez-y, c’est ça qu’il faut faire.” Mais voilà, il se trouve, a-t-il tort ou a-t-il raison ? Y a-t-il des amours univoques ? Il semblerait plutôt, et il semble que l’on soit allé tout à fait dans ce sens que loin de découvrir des ressources d’univocité dans la sexualité, on a au contraire laissé proliférer l’équivocité du sexuel et que ça été une des plus belle réussite de la psychanalyse de développer en tout sens l’extraordinaire équivocité du sexuel.