Conscience et conscience de soi

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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hokousai
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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 03 nov. 2015, 16:47

quel sujet est susceptible de ne pas être "confondu" : celui d'avant ou celui d'après ?


Celui qui subsiste....ou persiste si l' on veut employer un mot spinoziste.
..................
(parce que c'est bien à ça que ça revient, ton "observateur").


Je ne pose pas un observateur ( pas toujours une conscience qui observe ) mais toujours oui un organisme qui a une substantialité persistante. L'individu a une essence. Une essentialité, quelque chose qui persiste . Il a un répondant qui n'est pas dissous dans un seul ensemble qui serait l'événement.
..................
donc si le sujet est transformé,
pas essentiellement transformé.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 04 nov. 2015, 09:50

Tu présupposes donc.
Est-ce vraiment philosophique ?
Et qu'est-ce qui te fait présupposer une "essence" ?

Enfin, admettons (j'anticipe une réponse qui me convaincrait à moitié).
Mais alors, si tu es d'accord avec l'immanence (au moins celle propre à une vie), ne peux-tu dire que ce qui subsiste ou persiste, c'est quelque chose de l'ordre de l'univocité du devenir ? (et a priori rien d'autre)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 04 nov. 2015, 23:32

Et qu'est-ce qui te fait présupposer une "essence" ?
Pas présupposer. Plutôt supposer. Je suppose un suppôt .
http://alh8h.blogspot.fr/2013/08/aristote-les-categories-5-a.html

Le hupokeimenon est le support, le substrat ou le sujet. Pour le dire autrement, lorsqu'on attribue une propriété à un support, on accuse (catègorein, κατηγόρειν) ce sujet de supporter cette propriété. Le hupokeimenon est simplement la chose visée par l'accusation. La notion de hupokeimenon met en évidence une fonction de support. Cette fonction a deux modalités: le mode kath'hupokeimenou (Homme est affirmé de cet homme-ci) et le mode en hupokeimenôi (Blanc est affirmé de ce ballon).

................

Je ne peux pas m'en remettre à une univocité du "devenir" vu que beaucoup de gens le pense différemment.

Moi je pense durée .
Tant que la chose dure, elle dure et même si elle change de forme.
Il faut donc que quelque chose d 'elle y perdure. SInon elle se dissout, ce n'est plus la chose mais une autre chose. Il y a une certaine organisation propre à l individu et cette organisation perdure.

Toutes les formes que la chose emprunte sont nécessaires (sinon elle ne les emprunte pas)... quelle que soit sa durée quel que soit le sens du temps ... c'est indifférent.
........................
Il faut traiter du passage d'une forme dans une autre (ou d'autres) tel que la chose meurt ou disparait ....
et du point de vue de l'essence puisque le substrat qui perdure est détruit.

Je suppose donc que l'essence n'est pas réductible à l'individu mais que l'individu est une relation à ...son esssence est une relation à ...il existe et dure comme étant dans une relation.( d' où l' effort pour perdurer dans son être).

Ce qui persiste lors de la mort c'est, certes, ce avec quoi il est en relation (un milieu, un environnement, le monde ). Il n' y a pas de néantisation de l'individuation si la part mondaine de la relation subsiste .... mais il y a une une répartition différentes des parties unifiée jusqu' alors (quand la chose dure).
C'est assez simple comme scénario: il faut que l'individué puisse être aussi désindividuable.
Le mystère, car il y a une mystère, c'est l'individuation (et la désindividuation ).
Mais si on refuse l'individuation on est dans un continuum vide de formes et d'existences singulières, vide de choses.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 08 nov. 2015, 05:34

J'aime bien ce que tu dis de la relation... et aussi sur la durée de la relation (mais je ne crois pas parler d'autre chose quand je parle de durées).
Sauf qu'en introduisant une durée propre à des objets mentaux découpées par l'homme, tu t'obstines à scinder toute forme d'événement en sujets et objets, sans vouloir prendre en compte l'expérience directe de l'événement : la pensée de l'expérience de penser l'événement (en termes de sensations, intensités, et finalement de différences).

Les durées en tous cas s'inscrivent en nous et nous travaillent, nous font passer d'un point de vue (sur une chose) à un autre. Le truc est que ces points de vues communiquent.
Ces diverses durées (des choses diverses) fonctionnent alors comme autant de différences qui communiquent entre elles, et ce sans passer par la case "représentation" ou "objet". Et c'est ça le "moléculaire" - c'est-à-dire la sensation - qui travaille en deçà de la représentation, qui creuse directement à même les corps... et fournit de la matière à penser (oserais-je dire).
(ce qui participe à mon sens bien plus à l'individuation que tous les arrangements qu'on peut dépatouiller à partir de la représentation - sauf pour les intellos purs jus, en général parfaitement schizos avec le langage)

On est donc autant de points de vue en devenir... et tous ces points de vue veulent rentrer en cohérence. Mais chaque point de vue dépend de son propre contexte, et diverge donc des autres en fonction des contextes (personne à ma connaissance n'ayant jusqu'à présent réussi à faire converger des contextes en un tout unifié).

L'univocité, c'est alors justement la façon qu'on toutes nos réactions, toutes nos manières d'être de converger vers quelque chose qui nous est propre, qui persiste si l'on veut (mais ce qui persiste n'a pour autant rien d'immuable ou de figé). Et là il est me semble-t-il question d'un regard de la pensée qui revient (tout au long de la vie, et en ce sens intemporel si tu veux), un regard qui semble scander le mouvement de notre individuation, de notre devenir.
Ce regard ne montre ni ne définit rien, il ne voit qu'à travers l'immanence d'une vie.
N'existe que l'immanence pour ce regard (n'existe que l'immanence pour la pensée).
C'est sur ça que je voudrais qu'on s'entende (ce qui me semble envisageable).


(l'individuation est la seule échelle acceptable de sens, l'immanence d'une vie le seul témoin de l'univocité de l'être)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 08 nov. 2015, 12:23

aldo a écrit :sans vouloir prendre en compte l'expérience directe de l'événement : la pensée de l'expérience de penser l'événement (en termes de sensations, intensités, et finalement de différences).


Théoriquement je conçois bien la globalité d'un événement. C' est théoriquement assez simple d' unifier en un seul ensemble des éléments concourants. Concourant au sens de concours: Action de coopèrer.

Dans la définition de concours que je lis il y a aussi :de tendre vers un même but,
Là justement je tique un peu ...parce que dans l'événement ça ne tend pas nécessairement vers le même but.
Toi tu en fais une globalité signifiante en elle- même.

Si tu ne le fais pas alors il y a un pôle subjectif.
Ces diverses durées (des choses diverses) fonctionnent alors comme autant de différences qui communiquent entre elles, et ce sans passer par la case "représentation" ou "objet".
Pôle subjectif qui n'est pas nécessairement re -présentation consciente ...mais peu importe...
Le Pôle subjectif est un tenir compte de ce qui n'est pas du sujet et par rapport à quoi il doit prendre des décisions, s'orienter, se constituer, tout ce que tu veux d' activités intentionnelles en relation avec ce qui se présente d'occasions de se constituer.

tous les arrangements qu'on peut dépatouiller à partir de la représentation - sauf pour les intellos purs jus, en général parfaitement schizos avec le langage

Non je ne peux pas les éliminer non plus.
Sinon on tombe dans l'instinctuel pur ...or nous ne sommes pas instinctuels purs.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 08 nov. 2015, 16:49

sans vouloir prendre en compte l'expérience directe de l'événement : la pensée de l'expérience de penser l'événement (en termes de sensations, intensités, et finalement de différences).

Théoriquement je conçois bien la globalité d'un événement. C' est théoriquement assez simple d' unifier en un seul ensemble des éléments concourants. Concourant au sens de concours: Action de coopèrer.

Je n'unifie rien : comme dirait sa majesté, je constate. C'est-à-dire que j'essaie de n'introduire aucun présupposé pour penser à partir du réel. Et le réel est ponctué d'événements, c'est-à-dire de rencontres, de relations. Et c'est ça qui nous façonne. C'est donc à partir de là et non de présumés "objets" (qui ne sont que la distance qu'on veut bien mettre par rapport à l'événement et non la réalité de l'événement elle-même) que je commence mon enquête, que je cherche à comprendre.

Dans la définition de concours que je lis il y a aussi :de tendre vers un même but,
Là justement je tique un peu ...parce que dans l'événement ça ne tend pas nécessairement vers le même but.
Toi tu en fais une globalité signifiante en elle- même.

Il faut s'entendre sur la signification de "signifiant". Un événement ne "signifie" rien (s'il signifiait par lui-même, ce serait un non-événement : c'est-à-dire qu'il ne serait plus qu'un révélateur pour le sujet, un truc entre le sujet et le sujet et non une rencontre, soit une manifestation de nouveauté susceptible de modifier chacun des protagonistes, ou chaque élément de l'événement). Un événement crée, donc, et non signifie (en tous cas en ce sens de signifier), il crée puisqu'il modifie ou peut modifier la donne, les protagonistes, le réel.

(ensuite, mon problème n'est pas de chercher à savoir si tout événement a un but ou non, mais de constater que quelque chose s'est actualisé à travers tel événement spécifique qui me concerne, d'une manière ou d'une autre. J'ignore si ce sont deux atomes qui s'attirent et se connectent plutôt que de se repousser et je m'en fiche. En tous cas, je ne présuppose aucun but, et si je peux me poser ce genre de question, cette question n'est a priori pas en rapport avec tel ou tout événement... comme elle peut l'être, c'est selon)

Si tu ne le fais pas alors il y a un pôle subjectif.

Bien sûr qu'il y a un pôle subjectif. Tout ce que je dis, c'est que si on interprète les choses en terme de sujet et d'objet, on rate quelque chose. On rate la façon dont l'intérieur et l'extérieur communiquent, dont l'intérieur, le sujet, est complètement imbriqué avec l'extérieur, sans pouvoir en être dissocié. On élimine les contextes, sans lesquels je ne vois plus très bien ce qu'il reste d'un sujet, alors artificiellement mis en position d'être isolé, voire même de l'avoir toujours été.

Ces diverses durées (des choses diverses) fonctionnent alors comme autant de différences qui communiquent entre elles, et ce sans passer par la case "représentation" ou "objet".

Pôle subjectif qui n'est pas nécessairement re -présentation consciente ...mais peu importe...
Le Pôle subjectif est un tenir compte de ce qui n'est pas du sujet et par rapport à quoi il doit prendre des décisions, s'orienter, se constituer, tout ce que tu veux d' activités intentionnelles en relation avec ce qui se présente d'occasions de se constituer.

Je ne dis pas que le sujet ne fasse que "subir". Le fait qu'il ne soit que le fruit des événement n'en fait pas pour autant un acteur passif. Par contre, à partir du moment où l'on est d'accord que tout ce qui compte est événement, qu'on pense en termes d'événements, c'est vrai que la part intentionnelle me semble relativement congrue par rapport aux mille choses qui résonnent en nous de façon souterraine : aux fruits de mille événements, mille durées qui travaillent entre elles. En fait, j'ignore ce qui peut en rester, du sujet : j'ai personnellement la sensation très nette que je pourrais être une personne assez différente si la vie m'avait placé dans d'autres contextes que ceux que j'ai vécu...

tous les arrangements qu'on peut dépatouiller à partir de la représentation - sauf pour les intellos purs jus, en général parfaitement schizos avec le langage

Non je ne peux pas les éliminer non plus.
Sinon on tombe dans l'instinctuel pur ...or nous ne sommes pas instinctuels purs.

Bah, je ne suis pas aussi sectaire (et pas si non-intello que ça :wink: ). Je n'élimine pas tant que ça. Je raille juste nombre de discours que j'entends autour de moi, de discours de gens qui prennent tant au sérieux les fruits de leur petite cogitation (sans souvent même en être conscients) au point d'être complètement inféodés à leur propre baratin (face auquel l'être sensible peut aller jusqu'à disparaître = danger) ; toute cette façon de croire à n'importe quoi sous prétexte que ça leur apparaît soutenu par la raison. Je raille une logique souvent correcte dans son processus, mais partant de mille présupposés jamais remis en question. Tout ces enchaînements sans doute quelquefois cohérents mais qui s'appuient sur le vent des préjugés, et qui emmènent à mille lieux du réel, dans les points de vue si souvent si étroits du présumé savoir.
Je ne raille pas l'esprit, l'intelligence etc... sûrement pas !
Ouais, la raison bouffe le sensible... trop de raison bouffe le sensible.

... et encore bravo pour les nuances, ami Hokousai, "instinctuel ou intello", j'te jure 8-).
Il n''est pas question d'éliminer ce que peut apporter la représentation (et les modes de penser auxquelles on est habitués et qu'on ne défera pas de sitôt) ; il est par contre largement question de s'en méfier : c'est bien elle au contraire qui élimine tout ce qui est virtuellement créateur dans l'expérience en interprétant tout, en faisant tout passer par le crible de ses intermédiaires, ses "objets" chéris ! (faut pas charrier).
La représentation est bien en droit de se confronter avec tout événement, d'en créer un même de par cette confrontation, il est juste question de la remettre à sa juste place de méthode et d'en finir avec sa dictature.
Ugh !

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 08 nov. 2015, 22:56

... et encore bravo pour les nuances, ami Hokousai, "instinctuel ou intello", j'te jure
J'ai évité de dire rationaliste ou irrationaliste.
Non que je prenne parti mordicus pour un rationalisme drastique, intransigeant sec et désincarné...mais quand même.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 09 nov. 2015, 03:38

hokousai a écrit :
... et encore bravo pour les nuances, ami Hokousai, "instinctuel ou intello", j'te jure
J'ai évité de dire rationaliste ou irrationaliste.
Non que je prenne parti mordicus pour un rationalisme drastique, intransigeant sec et désincarné...mais quand même.

Oui bien sûr, d'ailleurs c'est clair que ce que je dis (depuis le début) est parfaitement irrationnel...

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 09 nov. 2015, 11:43

C'est un peu plus compliqué que ton ironie ne le suggère. L' explication peut être rationnelle alors que ce qu'elle explique ne l'est pas. Exemple: les probabilités:rationnellement très développées mais sur fond de hasard.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 09 nov. 2015, 21:18

Ça m'amuse cette histoire. Dans certain forum, on t'accuse d'expliquer du rationnel par de l'irrationnel ; ici tu me reproches d'expliquer de l'irrationnel par du rationnel...

Perso ma ligne de conduite est simple : j'essaie d'expliquer le rationnel par le rationnel et de ne pas expliquer l'irrationnel par de l'irrationnel... mais ne pas expliquer l'irrationnel par de l'irrationnel est-il rationnel ?
(je soulève ce problème parce que je sais que tu te sens particulièrement impliqué par ce genre de question)


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