1) écrit hier
En ce sens, nous « pardonnerons » à toute chose d’être ce qu’elle est : un mode de la Substance unique ; nous lui ferons la grâce de la considérer comme une expression particulière de Dieu.
C’est tout le sens des propositions 5 à 20 de la cinquième partie de l’Ethique qui nous acheminent vers la transformation de la haine ou de l’amour initial en l’amour envers Dieu (amor erga Deum).
Cela me semble très catholique. Ceci étant dit sans connotation péjorative ou méliorative. Chacun participe de la substance divine, toute épanchement affectif est l'expression de notre désir de Dieu.
Les affinités particulières, les haines particulières devraient donc être dépassées ? Elles ne seraient que des étapes, vouées à être dépassées, de notre chemin vers l'accord avec Dieu, la coopération entière avec Lui, dont nous retrouverions la substance et l'expression dans toute forme de vie ?
Mais alors, quel sens donner au chemin lui-même, s'il consiste en définitive à revenir à l'endroit d'où nous sommes partis ? Et pour quelle raison faire exister ces expressions particulières, participant de la même substance ? Est-ce pour le plaisir d'offrir à la personne humaine un peu de la joie du Créateur lui-même,et même, toute sa joie ?
Le chemin vers la joie étant conscience de la joie, où,quand elle est pleinement réalisée, la conscience se perd ?
Ce fut donc le plaisir de Dieu de créer une créature qui puisse avoir soif de ce qu'Il offre ? Afin que sa conscience n'en soit pas perdue ? Afin que quelqu'un puisse, dans le temps qu'il cherche Dieu, comprendre Sa beauté ?
En vérité (je vous le dis
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), si le mal n'existait pas, si la douleur n'existait pas,si le sentiment de la séparation n'existait pas, il me semble que tout serait UN et que rien n'existerait
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Peut-être parce qu'il me semble que l'existence n'ait concevable que par la conscience, et que la conscience n'est concevable que par l'existence (qui se tient "hors de").
Et considérer que toutes formes est une expression particulière de Dieu, même le tremblement de terre qui vient d'avoir lieu, me semble demander comme préalable la foi en Dieu, et pour dire la vérité, je ne comprends pas exactement pourquoi Spinoza a du être chassé de la Synagogue, si ce n'est, peut-être , à cause du manque d'ouverture d'esprit des "maîtres" de sa religion en son époque et dans le pays qu'il habitait ?
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2) écrit aujourd'hui
En ce sens, nous « pardonnerons » à toute chose d’être ce qu’elle est : un mode de la Substance unique ; nous lui ferons la grâce de la considérer comme une expression particulière de Dieu.
C’est tout le sens des propositions 5 à 20 de la cinquième partie de l’Ethique qui nous acheminent vers la transformation de la haine ou de l’amour initial en l’amour envers Dieu (amor erga Deum).
Ma première réaction en lisant cela a été de me souvenir d'un poème de Max Jacob, qui s'intitule "Lettre imaginaire écrite sous le Second Empire". Il s'agit d'une parodie de lettre de rupture, dans laquelle la femme bigotte dit à l'homme "Je croyais vous aimer, mais en vous aimant, c'est l'Amour que j'aimais". Je trouve, personnellement, que c'est donner peu de prix à nos affinités particulière que de les considérer seulement comme un biais pour atteindre l'amour de Dieu, mais je conçois que pour d'autres, cela pourrait être au contraire leurs donner un grand prix. Dans tous les cas, je crois qu'il s'agissait dans le poème de Max Jacob, d'une citation de Saint-Augustin. cela me semble très catholique, et si j'ose dire sur le mode badin, d'une certaine manière, cela m'explique mieux pourquoi Spinoza fut chassé de la Synagogue !
Vos formulations, malgré toute votre bonne volonté, trahissent constamment le fait que vous considérez toujours Dieu comme une personne, un être semblable à l'homme, ayant une volonté et des désirs, et punissant (dans le meilleur des cas) la désobéissance à ses lois et à ses commandements par la tristesse et la douleur (éternellement en enfer dans le pire des cas).
Tant que vous en resterez à cette vision enfantine de Dieu (votre père qui est dans les cieux), vous ne comprendrez pas la philosophie de Spinoza, et, ce qui est plus grave, vous serez constamment en proie au doute au sujet de Dieu, car vous ne le comprendrez pas tel qu'il est, mais vous vous contenterez, comme actuellement, de l'imaginer. Or rien n'est plus fluctuant que l'imagination.
J'ajoute, en renversant une formule célèbre de Spinoza, que l'obéissance n'est rien d'autre que la foi. Le philosophe, qui est un homme libre, n'a pas besoin d'obéir pour comprendre, et par suite être joyeux. "C'est aux esclaves, non aux hommes libres, qu'on donne une récompense pour leur bonne conduite".
Dois-je répondre à la caricature que vous faites de ce que j'ai dit ? J'aurais l'impression de répondre à un super-héros Nietzschéen de la caste des surhommes
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C'est une des séductions de certains philosophes de nous persuader que nous faisons partie de la caste 1) des comprenant 2) des hommes libres 3) des surhommes. Ca lesoblige juste à penser que tous ceux qui ont pensé avant eux était des crétins plongés dans l'obscurité, avec des idées enfantine
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mais ça ne semble pas les déranger plus que ça... pas de doutes pour eux que Saint-Agustin,Saint Jean de La Croix, et Saint Thomas d'Aquin, pour ne citer qu'eux, étaient des crétins !
« Par bien, j’entendrai ce que nous savons avec certitude nous être utile.
Et par mal, ce que nous savons avec certitude nous empêcher de posséder un bien »
Certes, Mr Vanleers. La difficulté reste pour moi "que nous ne savons pas, avec certitude".
(Ce mesage est une mixture de ce que j'avais répondu hier, et pas posté, et de ce que je viens d'écrire).Je n'ai guère le temps d'aller plus loin maintenant. A bientôt.