Il est dit :
"Le chagrin et le plaisir écartent de la vertu. La joie et la colère écartent du Tao. L'amour et la haine sont des égarements de la vertu. Qui n'a ni chagrin ni plaisir atteint à la vertu suprême. Rester soi-même sans jamais se modifier conduit au calme suprême. Ne s'opposer à personne, c'est le vide suprême. N'avoir aucun commerce avec les choses, voilà le détachement suprême. Ne résister à rien, voilà la pureté suprême."
Zhuang-zi Chapitre XV
N'est-il pas étrange de trouver dans la philosophie chinoise de l'antiquité une approche du modèle de l'homme libre selon Spinoza ?
Le modèle taoiste de l'homme parfait
- Shub-Niggurath
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Il y a différents passages du tao te king où le rapport pourrait paraître plus évident. On peut se dire en spinoziste que ce n'est pas si étonnant puisque les hommes sont partout fondamentalement les mêmes, quand ils ont des passions et surtout quand ils raisonnent.
Mais par rapport à ce passage, Spinoza peut paraître plus modéré. Il ne s'agit pas chez lui de ne plus désirer ni de ne plus aimer, au contraire. Mais de désirer et d'aimer en adéquation avec la nature, c'est-à-dire ce qui fait de nous ce que nous sommes.
Mais par rapport à ce passage, Spinoza peut paraître plus modéré. Il ne s'agit pas chez lui de ne plus désirer ni de ne plus aimer, au contraire. Mais de désirer et d'aimer en adéquation avec la nature, c'est-à-dire ce qui fait de nous ce que nous sommes.
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Finalement, après bien des années d'errance, comme dit Barbara, j'affirme avec Spinoza et Zhuang-zi que la vie tranquille est le bien suprême que nous pouvons désirer. Et cette vie tranquille implique de renoncer aux désirs et aux joies ordinaires que la vie commune nous impose dans sa tyrannie.
En effet le désir des biens banals que sont les richesses, la célébrité et le sexe ne peut nous mener qu'à la ruine du corps et de l'esprit. C'est pourquoi je serais infiniment d'accord avec ce philosophe de l'antiquité chinoise qui prône le renoncement aux plaisirs et aux chagrins ordinaires de la vie pour demeurer dans un état de détachement suprême, de calme et de pureté.
L'amour pour dieu, ou pour le Tao, est une joie sans mélange, qui ne se confond pas avec l'amour ordinaire, ses plaisirs, ses désirs inconstants et ses fantasmes. Je le distingue absolument des joies et des désirs ordinaires pour les modifications de la Nature.
En effet le désir des biens banals que sont les richesses, la célébrité et le sexe ne peut nous mener qu'à la ruine du corps et de l'esprit. C'est pourquoi je serais infiniment d'accord avec ce philosophe de l'antiquité chinoise qui prône le renoncement aux plaisirs et aux chagrins ordinaires de la vie pour demeurer dans un état de détachement suprême, de calme et de pureté.
L'amour pour dieu, ou pour le Tao, est une joie sans mélange, qui ne se confond pas avec l'amour ordinaire, ses plaisirs, ses désirs inconstants et ses fantasmes. Je le distingue absolument des joies et des désirs ordinaires pour les modifications de la Nature.
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Oui mais si tu aimes Dieu, la nature ou le Tao, tu aimes aussi toutes ses modifications, de la même manière que Dieu les aime (cf. Ethique V, prop. 36, corollaire), d'un amour intellectuel.
Cet amour garde ceci de commun avec l'amour que tu dis ordinaire qu'il est une joie ou du moins une jouissance accompagnée de l'idée d'une cause, c'est pourquoi on ne peut employer que le même mot. La différence est qu'on ne prend plus le mode pour une substance : l'amour intellectuel, c'est le même amour que l'amour ordinaire mais libéré des limitations temporelles que nous impose l'imagination qui est déterminante dans l'amour passif.
Si j'aime imaginairement mon corps, c'est que je l'imagine comme plutôt associé à un sentiment de puissance dont je pense qu'il est cause. Si les conditions de son existence changent un peu dans un sens plus difficile, je vais aussitôt m'imaginer que ce même corps est cause d'impuissance. En aimant intellectuellement mon corps comme expression d'une puissance qui le traverse sans s'y arrêter, je ne perçois plus cette puissance comme provenant de lui et je n'ai donc plus à vivre avec cette angoisse de la perte d'une puissance dont il n'a jamais été qu'une expression et qu'il continuera d'ailleurs à être tant qu'il y aura de la vie. Quelle puissance ? Celle d'exister et plus précisément d'être affecté.
L'amour passif est à l'amour intellectuel ce que l'amour du nourrisson pour le lait maternel est à l'amour pour sa mère elle-même.
Cet amour garde ceci de commun avec l'amour que tu dis ordinaire qu'il est une joie ou du moins une jouissance accompagnée de l'idée d'une cause, c'est pourquoi on ne peut employer que le même mot. La différence est qu'on ne prend plus le mode pour une substance : l'amour intellectuel, c'est le même amour que l'amour ordinaire mais libéré des limitations temporelles que nous impose l'imagination qui est déterminante dans l'amour passif.
Si j'aime imaginairement mon corps, c'est que je l'imagine comme plutôt associé à un sentiment de puissance dont je pense qu'il est cause. Si les conditions de son existence changent un peu dans un sens plus difficile, je vais aussitôt m'imaginer que ce même corps est cause d'impuissance. En aimant intellectuellement mon corps comme expression d'une puissance qui le traverse sans s'y arrêter, je ne perçois plus cette puissance comme provenant de lui et je n'ai donc plus à vivre avec cette angoisse de la perte d'une puissance dont il n'a jamais été qu'une expression et qu'il continuera d'ailleurs à être tant qu'il y aura de la vie. Quelle puissance ? Celle d'exister et plus précisément d'être affecté.
L'amour passif est à l'amour intellectuel ce que l'amour du nourrisson pour le lait maternel est à l'amour pour sa mère elle-même.
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J'appelle vie tranquille le fait de passer sa vie dans le calme et la paix de l'âme, sans crainte d'aucune sorte, et en désirant accroître autant que possible les connaissance vraies sur la Nature et tout ce qu'elle contient, en entretenant des relations aimables avec mes semblables, sans chagrin ni colère. Une vie détachée des luttes et des combats, consacrée à l'étude de la vérité sous toute ses formes, qu'on les trouve chez Epicure (l'ataraxie), chez Spinoza (la Béatitude) ou chez Zhuang-zi (le non-agir).
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Merci bien !
Qu’entendez-vous par « connaissances vraies sur la Nature » ? Comment vous y prenez-vous pour concrétiser votre désir d’en accroître l’étendue ?
Aussi, « l’étude de la vérité sous toutes ses formes » ne vous semble-t-elle vraiment supposer luttes et combats ?!
Je vous dirais qu'une telle recherche relève à mon sens d’une vie tout sauf tranquille : une vie passionnément anxieuse !
Shub-Niggurath a écrit :J'appelle vie tranquille le fait de passer sa vie dans le calme et la paix de l'âme, sans crainte d'aucune sorte, et en désirant accroître autant que possible les connaissance vraies sur la Nature et tout ce qu'elle contient, en entretenant des relations aimables avec mes semblables, sans chagrin ni colère. Une vie détachée des luttes et des combats, consacrée à l'étude de la vérité sous toute ses formes, qu'on les trouve chez Epicure (l'ataraxie), chez Spinoza (la Béatitude) ou chez Zhuang-zi (le non-agir).
Qu’entendez-vous par « connaissances vraies sur la Nature » ? Comment vous y prenez-vous pour concrétiser votre désir d’en accroître l’étendue ?
Aussi, « l’étude de la vérité sous toutes ses formes » ne vous semble-t-elle vraiment supposer luttes et combats ?!
Je vous dirais qu'une telle recherche relève à mon sens d’une vie tout sauf tranquille : une vie passionnément anxieuse !
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Re: Le modèle taoiste de l'homme parfait
Shub-Niggurath a écrit :Il est dit :
N'est-il pas étrange de trouver dans la philosophie chinoise de l'antiquité une approche du modèle de l'homme libre selon Spinoza ?
Bonjour Shub-Niggurath. Juste pour te dire que je ne vois pas grand lien entre cette citation de Zhuangzi et la philosophie de Spinoza.
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