L'enfant handicapé et le chaton de Tooley

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Alexandre_VI
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Messagepar Alexandre_VI » 12 nov. 2010, 23:55

Bonjour DGsu,

Mais même là, ne peut-on avoir du respect pour les animaux par le fait qu'ils sont comme nous capables de souffrir? C'est le point de vue des utilitaristes comme Peter Singer. Pour Spinoza, la raison du plus fort est-elle automatiquement la meilleure?

Si Spinoza propose une sorte de contrat social qui exigerait que je renonce à mon droit à la violence, je suis bien d'accord. C'est une approche possible de l'éthique. Mais du moins faut-il que l'individu voie ce qu'il a à gagner à signer un tel contrat. Ou qu'il voie que ce contrat est conforme à des normes morales transcendantes, chose que nie Spinoza.

Quoi qu'il en soit, oui dans les relations internationales, du moins à certains égards, le droit (droits de la personne, démocratie) est moins influent que les capacités militaires. C'est pour cela que l'ONU n'a guère d'autorité.

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AUgustindercrois
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Messagepar AUgustindercrois » 13 nov. 2010, 00:16

Spinoza est - il utilitariste? Pas si sûr, au vu de la fin de l'Ethique.

C'est un philosophe de l'utile, et réaliste, en tant que l'utile est l'amour intelligent de Dieu et le réel métaphysique n'est pas l'illusion physique.

Minimiser la souffrance est donc un impératif spinozien.

On pourrait donc proposer, dans une perspective spinozienne, et non pas spinoziste: "il est utile de minimiser, compte tenu des données de la science, la souffrance des animaux, en vertu du principe de générosité."

En effet, les animaux pensent chez Spinoza beaucoup plus que chez Descartes, puisque selon Spinoza, si l'on admet que les animaux évolués dotés d'un système nerveux central souffrent, ce qui semble être le point de vue scientifique majoritaire, alors ils pensent, puisque tout sentiment est une idée. Quand je joue avec mon chat, je vois sa joie dans son oeil diabolique. Je ne mangerai donc pas mon chat: il est utile d'être généreux à son égard en vertu du principe d'Amour intelligent de Dieu.

Tuer une vache, même si j'en ai le droit de nature, me semble donc, en vertu du principe de générosité du scolie de 510, inadéquat.

L'homme libre s'applique à pratiquer générosité et vertu.

Il ne doit donc pas manger de vache, dans une conception radicale fondée sur la cinquième partie de l'Ethique.

On sait qu'il faut pourtant manger des protéines.

On pourra manger des insectes non dotés d'un système nerveux central:

http://www.cahiers-antispecistes.org/sp ... article229

(fourmis, sauterelles, excellents paraît -il.)

PLus délicat me semble le cas de la moule.

Nos amis belges, très forts en moule, ont - ils une idée?

http://www.naturalsciences.be/educa/pdf ... moules.pdf

Je n'arrive pas à me résoudre là-dessus.

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DGsu
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Messagepar DGsu » 13 nov. 2010, 23:28

Cher Alexandre_VI

Alexandre_VI a écrit :Bonjour DGsu,

Mais même là, ne peut-on avoir du respect pour les animaux par le fait qu'ils sont comme nous capables de souffrir? C'est le point de vue des utilitaristes comme Peter Singer. Pour Spinoza, la raison du plus fort est-elle automatiquement la meilleure?

Bien sûr que l'on peut/doit avoir du respect pour les animaux. Cela peut certainement se justifier par le fait qu'il vaut mieux vivre en bonne entente avec eux et que leur faire mal ou les détruire ne peut, en définitive, que nous nuire. Tout comme nous, ils sont une partie de Dieu/la nature. Ce n'est pas une question morale liée à ce qui serait transcendalement bien ou mal.

Si Spinoza propose une sorte de contrat social qui exigerait que je renonce à mon droit à la violence, je suis bien d'accord. C'est une approche possible de l'éthique. Mais du moins faut-il que l'individu voie ce qu'il a à gagner à signer un tel contrat. Ou qu'il voie que ce contrat est conforme à des normes morales transcendantes, chose que nie Spinoza.

Spinoza ne propose aucun contrat social, il suggère que c'est une voie naturelle que peuvent emprunter les hommes s'ils désirent éviter de s'entretuer. Et Spinoza ne dit nulle part qu'une fois ce contrat social passé, tous les problèmes disparaîtraient. Au contraire.
Pourquoi, dites-moi, ce contrat doit-il se conformer à des normes transcendantes ? Ne peut-il pas simplement se baser sur le réalisme de l'entente mutuelle et de ce qui convient à chacun dans une communauté ?

Quoi qu'il en soit, oui dans les relations internationales, du moins à certains égards, le droit (droits de la personne, démocratie) est moins influent que les capacités militaires. C'est pour cela que l'ONU n'a guère d'autorité.

Spinoza nous donne des outils intellectuels pour comprendre les rapports entre les individus et les communautés, il n'offre pas de recette toute faite pour que l'entente règne et doute même que la raison puisse y mener. A ce sujet, le premier chapitre (et la suite) du [url=http://fr.wikisource.org/wiki/Traité_politique]Tractatus Politicus[/url].

Extrait I, 5:
"J’ai également montré que, si la raison peut beaucoup pour réprimer et modérer les passions, la voie qu’elle montre à l’homme est des plus ardues 2, en sorte que, s’imaginer qu’on amènera la multitude ou ceux qui sont engagés dans les luttes de la vie publique à régler leur conduite sur les seuls préceptes de la raison, c’est rêver l’âge d’or et se payer de chimères."

Bien vôtre.
"Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes." Rosa Luxemburg


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