Nepart a écrit :J’ai acheté un livre « Présentations de la philosophie, d’André Comte-Sponville » et dès les premières pages quelque chose c’est opposé à une des mes croyances.
« Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit à lui-même, non d’abor pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui ne serait qu’égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre »
Or je sais bien que le mot égoïsme a une mauvaise connotation, mais on pense toujours à soi.
Tout ce que l’on fait est pour soi, pour son plaisir, pour son bonheur.
Quand je pense aux autres, c’est pour au final penser à moi, car j’ai souvent intérêts à ceux que les autres aillent bien.
oui, je suis d'accord avec toi. Spinoza aussi d'ailleurs, à mon avis: on fait toujours ce qu'on croit être le plus utile pour soi, on ne peut même pas faire autrement. Seulement, si on y réfléchit bien, on comprend assez vite que c'est dans notre intérêt de tenir compte des intérêts des autres. Ainsi pourrait-on dire que l'égoïsme bien compris aboutit à ce que Comte-Sponville appelle la '"morale", au lieu d'opposer les deux.
Nepart a écrit :D’ailleurs pensez-vous que la sélection naturelle a fait que l’homme a parfois, pitié des autres alors qu’il n’a aucun intérêts à part répondre à ce sentiment de pitié, a aidé par exemple un animal qui c’est coincé dans un piège.
personnellement je n'y crois pas. S'imaginer un monde où un maximum de gens ET d'animaux s'entre-aident ... n'est-ce pas une idée assez agréable? Et croire qu'on est capable d'aider les gens ou les animaux même quand on ne peut pas attendre des "avantages" directes en retour, n'est-ce pas une idée qui peut flatter notre ego? La sélection naturelle a également doté l'homme d'un imaginaire, qui fait partie de sa vie. S'imaginer "bon" envers les autres, hommes ou animaux, a dès lors un intérêt, je crois.
Neparti a écrit :En effet une espèce qui s’entraide évolue mieux, et cette faculté aurait dérivé sur tout ce qui est vivant.
oui en effet. Ce sont les espèces dites "sociales", c'est-à-dire où les membres de l'espèce dépendent pour leur survie d'autres membres. On peut alors supposer que l'homme est un "animal social", comme l'ont supposé beaucoup de philosophes, ou bien plutôt croire que l'homme est un "individu" absolu, comme l'ont cru d'autres. Ce n'est que dans le deuxième cas, où donc un homme pourrait vivre sans l'aide d'aucun autre homme, que l'idée d'aider quelqu'un sans intérêt immédiat ou indirecte devient problématique.
Hokousai a écrit :Peut-on expliquer le beau par une ressemblance à quelque chose qui nous rappellent des moments plaisant. Tel que les jardins et la nature comme source de nourriture, des humains comme signe de bon état du développement de l’espèce.
Ainsi tout ce que nous trouvons beau serait conséquence de chose nous rappelant des sources de plaisir.
je crois que cela est correcte, mais cela ne permet pas tout à fait d'expliquer le beau en tant que beau, cela explique plutôt le beau en tant que plaisir, non? Autrement dit: expliquer le beau par la ressemblance à des choses plaisantes, c'est expliquer le beau en tant qu'il nous est agréable, en tant qu'il fait partie de différentes choses agréables. Mais alors on n'a pas encore expliqué la différence entre des choses agréables qui n'ont rien à voir avec la beauté, et des choses qui sont et agréables et beau. Bref, on n'a pas encore de "concept" de la beauté, on a juste saisi une de ses caractéristiques.
Nepart a écrit :Est-ce que le sage se moque de savoir que quelque chose n’est pas naturelle ?
pour le sage spinoziste tout est naturel, puisque en dehors de la nature, il n'y a rien.
Nepart a écrit :En effet, souvent la réaction d’une personne à qui l’on dit que le repas comporte des additifs, des colorants, ou que la plante qui voit est une fausse, est une déception.
Le sage garde t’il son avis d’origine (c’est bon, c’est beau), ou va-t-il lui aussi moins aimer maintenant qu’il sait…
les additifs ne sont pas mauvais en soi. Savoir qu'il y a des additifs ne diminue donc pas forcément le plaisir, même pas pour un sage. Ce n'est que le savoir qui fait découvrir en quoi quelque chose qu'on croyait être bonne pour nous en réalité est plutôt mauvaise pour nous, qui peut faire que l'on se détourne de la chose, qu'on l'aime donc effectivement moins.
Nepart a écrit :Pensez-vous que l’on fait attention à son apparence (corps, vêtements…) que pour les autres, ou il y a une part qui vise à se plaire soi même ?
je crois que les deux sont liés. Les vêtements ne sont jamais "neutres", ils reflètent toujours, qu'on le veuille ou non, des codes sociaux. Choisir tel ou tel type de vêtement, c'est donc toujours aussi se déclarer (de façon consciente ou non) membre de tel ou tel sous-groupe social. Alors on peut le trouver agréable d'appartenir à tel groupe et de constater que tel ou tel vêtement nous va bien. Mais de nouveau, une fois que comme Spinoza et d'autres on pose que l'homme est un animal social, beaucoup de ce que l'homme fait n'a du sens que par rapport aux communautés (très souvent multiples) dans lesquelles il vit. Appartenir à une communauté, revendiquer cette appartenance, est quelque chose d'essentiel dans la constitution de notre identité. Du coup, porter tel ou tel vêtement n'est pas seulement une question de plaire à soi-même, c'est avant tout, je crois, une façon de s'intégrer dans un groupe et ainsi devenir davantage soi-même.
louisa