hokousai a écrit :Pour moi c'est elliptique mais profond (Il y a sans doute ailleurs dans Lavelle des développements que j'ignore).
Lavelle n'utilise pas les démonstrations formelles (
more gometrico), mais son développement est quand-même clairement appuyé en permanence sur la Logique. Je crois qu'il s'en explique quelque part, indiquant des raisons assez convaincantes du point de vue de la compréhension profonde et de la non-dispersion dans les détails, qui sont sans fin. A confirmer. Par ailleurs, il n'y a pour lui qu'une seule méthode ontologiquement justifiée : l'analyse, et donc pas la synthèse - qui peut néanmoins être utilisée en première approche montante, ou pour récapituler les résultats de l'analyse (mais c'est aussi ce que pratique Spinoza, qui utilise, lui, après Descartes, le
more geometrico...)
hokousai a écrit :Il y a deux régimes de pensée distincts.
Je suis de plus en plus fermement sur cette ligne. Comme vous ne développez pas ci-dessous, pouvez-vous nous rappeler ce que vous entendez par-là ?
hokousai a écrit :1)"Qu’il la leur communique "peut se comprend à partir d' un éprouvé "psychologique". Je pense donc je suis ce n'est pas logique c'est psychologique . On a reproché à Descartes de ne pas avoir fait un syllogisme .
Descartes existe comme moi ou pensée subjective.
On pourrait alors s'en tenir à tout objet de pensée est une irradiation de l’existence du sujet pensant. Ce qui est l'idéalisme de Fichte qui montre qu’il n’y a pas une réelle extériorité, puisque toute extériorité émane de la pensée et demeure, en ce sens, immanente à la conscience.
On pourrait dire qu’il leur communique une existence qui n'est pas plénière mais seulement pensée.
Déjà, Lavelle, dont la première référence (officielle tout au moins, et de loin en volume) est Descartes, analyse au fond du fond le
cogito et aussi l'argument ontologique dans plusieurs de ses ouvrages. J'ai perdu la mémoire des références, mais c'était très convaincant (y compris pour l'argument ontologique, ce qui n'est pas anodin... ; mais une fois compris que Dieu est l'Être, l'Existence même, dans toutes ses manifestations possibles, c'est presque une lapalissade, en fait...)
Le cogito n'est effectivement pas une déduction logique, mais une affirmation pure, première ou seconde immédiate ; il signifie, dans les termes de Stephen Jourdain : "
Je = Conscience."
Il n'y a pas que Fichte qui dit qu'il n'y a pas de réelle extériorité : peu ou prou
toute la haute spiritualité le dit. Pour autant, cela n'anéantit pas une extériorité relative (spatiale tout au moins.) Mais il y en a une autre : il y a ce qui dépend de ma volonté, et ce qui n'en dépend pas. Le sujet est un acte, pas un objet : c'est une très grave erreur, et très fréquente, de l'oublier.
"Moi / rupture, fossé / non-moi" est quasiment le "péché originel" même. Mais comme dit Jourdain aussi : je ne confonds pas mon genou avec la tasse de café pour autant... Moi et l'autre, oui. Séparation : jamais ! Altérité : oui !
Quand on dit que le sujet et l'objet sont indissociables, on dit forcément qu'il n'y a pas d'extériorité totale. D'où une conséquence en particulier que tire Lavelle :
Réalité = Présentation (et pas de monde parallèle des "vraies choses en soi" qui tienne...) Note : la réalité chez Lavelle ne concerne que l'objet, l'existence le sujet, l'Être le tout. Une extériorité totale, on ne peut pas la connaître du tout, tout simplement. Pour qu'on puisse prendre connaissance d'un objet, il faut forcément qu'il ait quelque chose de commun avec nous, et ce commun ne peut pas être extérieur à nous (où on retrouve Spinoza à la fin de E2.)
A nouveau : on ne PEUT PAS trancher dans la trilogie : Être-Sujet-Objet ; il n'y a qu'une seule et unique Nature.
Ce que me rappelle ce passage de Lavelle, c'est ce qui tourne autour de cette affirmation que le Monde n'existe pas quand il n'y a aucune conscience à laquelle il se présente. On peut en associer d'autres : la pensée est coextensive à la Nature en droit, Dieu pense dans sa nature propre, etc. Certes je suis profondément certain que la Nature se maintiendrait dans l'Être si d'hypothèse toute conscience disparaissait (mais on peut peut-être contester que la conscience soit en fait si bien définie qu'on puisse dire qu'elle peut disparaître sans que tout disparaisse...), mais en même temps s'il n'y a rien pour prendre connaissance du Monde, peut-il être dit exister (car c'est toujours un sujet conscient qui parle, actuellement...)
Bref, je le sens comme disant que le monde acquiert le statut de réalité seulement quand il y a une conscience pour le regarder...
hokousai a écrit :2) Il faut donc un argument logique .( pour prouver que l'existence des objets pensés ont une existence plénière ). L'argument est
"puisque sans eux sa pensée ne trouverait pas à s’exercer".
Mais c'est parce que Etre est premier, posé antérieurement, logiquement, à la pensée.
Lavelle comme Spinoza part de l 'Etre (Spinoza dit Dieu ) et inverse Descartes . On aurait " je suis donc je pense" , il y a une procédure logique.
Ce point là, je le vois comme : la conscience est toujours conscience de quelque chose (mais on peut néanmoins remonter si près de la source, que cette conscience est vécue comme immuable et éternelle : c'est - presque - le sujet pur) ; donc pour qu'elle se révèle comme sujet, il faut l'objet. Sinon il ne reste que le sujet transcendantal de Kant, qui en fait est un pur concept, un néant existentiel : une potentialité sans aucune réalisation.
Connais-toi toi-même.