hokousai a écrit :excusez -moi mais je ne vois pas qui est UG.Tous les orientaux, y compris U.G. qui pourtant nous ramène sèchement à la terre, disent qu'il n'y a rien qu'on puisse appeler "Moi". Mais les plus hauts d'entre eux ne pèsent ni plus ni moins lourd que Jourdain.
Uppaluri Gopala Krishnamurti - U.G. Krishnamurti - (Krishnamurti est le prénom, comme pour Jiddu Krishnamurti - J. Krishnamurti.) Les deux ont travaillé au même moment avec la Société Théosophique à leurs débuts. Le premier a été appelé U.G. tout court pour le distinguer du célèbre "Krishnamurti", soit Krishnamurti Jiddu (dans l'ordre habituel des noms en occident.)
Son histoire est assez passionnante, mais je ne vais pas la résumer ici. Toujours est-il qu'un jour, après avoir revu après des décennies ponctuellement et presque contre son gré Krishnamurti J., à Saanen en Suisse, où il résidait, - mais il ne se sentait redevable de rien à son égard, bien au contraire au global - il a compris d'un seul coup que la seule et énorme question qui occupait son esprit depuis des décennies ("mais quel est donc cet état [il avait rencontré en particulier Ramana Maharshi à ce sujet] dont parlent les Sages ?") n'avait pour réponse rien d'autre que son état du moment (mais sans la question elle-même : c'est elle-même qui était l'obstacle.) De mémoire Krishnamurti J. avait juste répondu à une question similaire posée par un autre : "de l'action spontanée dans un silence total." Il s'en est ensuivi ce qu'il appelle "la catastrophe", pendant des mois, où il est passé par des états très inhabituels, et a été à deux doigts de mourir physiquement (ceci pour moi n'a pas à être généralisé : c'est un phénomène associé à un cas particulier.)
Tous ceux qui témoignent depuis la profondeur, parlent - sinon c'est malhonnête - de ce qu'ils connaissent. Mais si le fond éternel est le même pour tous (et tout le monde), le processus qui les a amenés là est phénoménal, et donc individuel ; donc il y a nécessairement une forte coloration particulière dans l'universel qu'ils présentent. ("Chercheur de non-vérité" ; Desjardins / Prajnanpad. C'est la "méthode négative" assez générale en Orient.) Jourdain, par exemple, appuie sur le "il faut se poser une question fondamentale à fond, jusqu'à se sortir les tripes, tant qu'on n'a pas la réponse." ("Le chemin n'est pas pour le couard" ; Desjardins / Prajnanpad.) La "réponse" définitive n'est pas forcément en lien direct avec la question... Jourdain dit aussi que l'approche positive est très dangereuse. Tolle va insister que le fait que la souffrance est le moteur du processus. Etc. Donc, après, pour soi, tout dépend du processus qui correspond le mieux à son état du moment. Bref... Dans ce cadre, U.G. en a retenu que les "vendeurs de biens spirituels" sont les pires escrocs de l'humanité : qu'ils vous vendent des problèmes en prétendant vous sauver, que les exercices sont autant de recul, que le désir de changer est le problème même, que la "spiritualité" n'apporte rien de bon, que des gens continuent à mourir de faim alors que c'est évitable, qu'il y a toujours des guerres, que la seule chose que veut la nature c'est la conservation de l'individu et la "reproduction du même" (conservation de l'espèce), etc. (Ceci doit être au moins partiellement situé dans le contexte de l'Inde traditionnelle, pour la masse. Prajnanpad lui-même disait que l'Hindouisme était à 99% de la superstition. Mais, encore une fois, le 1% qui reste pèse encore très lourd...)
Ce fameux "état" supposé n'était rien d'autre que "l'état naturel."
Alors même qu'en toute cohérence il ne voulait ni changer quoi que ce soit, ni enseigner quoi que ce soit, ni surtout vendre quoi que ce soit, il a été pisté par un certain nombre de gens impliqués dans la spiritualité malgré ses réponses radicales et même parfois très sèches (dans le sens, pas dans la forme, spécialement vis-à-vis de "vendeurs de biens spirituels" indiens.) Mais tous ceux qu'il a attirés malgré lui sentent bien qu'il exagère dans le style, et lui-même n'était manifestement pas absolument persuadé que ces échanges étaient sans aucun fruit possible ; mais comme certains maîtres, il commençait par jeter des pierres (virtuelles là...)
U.G. sert l'antidote anti-erreur avant la potion... Il exagère, mais il est très bénéfique en ce qu'il annihile toute dérive sentimentaliste (romantique) ou superstitieuse (idolâtrie) avant toute autre chose... En montrant que la volonté de changer fait partie du problème il est très sain. Il donne bien d'autres éléments.
Si vous lisez l'Anglais il y a une bonne compilation de Mukunda Rao qui résume bien le tout : "The Penquin U.G. Krishnamurti Reader" ; on la trouve à pas cher - malgré sa valeur - sur Internet. Sinon quelques ouvrages (transcriptions de conversations, éditées sans U.G.) ont été traduits en français (ils ne sont pas aussi bon marché en neuf.)
Dans ce cadre, je mentionne en association à nouveau Eric Baret, qui dans un fond et un ton d'un grand calme, produisant un grand apaisement,... balaye tout un tas de préjugés avec l'efficacité d'une Katioucha... Comme Jourdain, chacun dans son genre, Baret c'est aussi un sacré "calibre" (à la suite de Jean Klein) - et qui place quand-même pas mal de Métaphysique l'air de rien...