J'interviens sur ce forum afin de partager avec vous une réflexion quant à la controverse qui s'élève envers le néodarwinisme dans le monde scientifique.
Je vais détailler, mais avant tout j'aimerais insister sur le point suivant : ce n'est pas la théorie de l'évolution des espèces qui est remise en cause, mais son explication dite néodarwiniste, qui est bien connue :
Les mutations génétiques dûes au hasard et le mécanisme de sélection naturelle expliquent entièrement l'évolution des espèces.
Ce ce qui est enseigné dans les lycées et que beaucoup tiennent pour acquis ; mais vous aurez sans doute entendu parler des nouveaux arguments qui s'élèvent contre ce « dogme » :
- — les études statistiques et paléontologiques convergent pour montrer que le hasard et la lutte pour la survivance ne suffisent pas à eux seuls à expliquer l'apparition d'organismes aussi complexes que ceux que nous connaissons ; c'est possible en théorie mais avec l'hypothèse que l'évolution disposerait d'un temps infini, or la Terre a un âge fini ;
— les mutations aléatoires du génome peuvent expliquer des micro-évolutions au sein d'une même espèce mais pas la transformation d'une espèce en une autre, qui nécessite en réalité des macromutations, c'est-à-dire un ensemble cohérent de nombreuses mutations causant l'apparition d'un organe par exemple. Or la probabilité qu'une macromutation se produise par hasard est infime, autant dire quasi nulle.
— le néodarwinisme n'explique pas l'origine de la vie, c'est-à-dire l'apparition d'êtres autoréplicants munis d'ADN. L'énigme réside dans ce fait que les outils de traduction de l'ADN sont codés par… l'ADN. Et il absolument impossible qu'une cellule puisse être créée par hasard.
Il existe sans doute davantage d'arguments mais ceux-ci sont les plus frappants. Loin d'être des élucubrations pseudo-scientifiques à l'instar des arguments créationnistes, ce sont des objections sérieuses qui nécessitent, dans le meilleur des cas, une correction de la théorie.
D'autre part, on a constaté des cas où les mutations génétiques semblaient véritablement dirigées par un finalisme : voyez l'exemple de la bactérie nourrie au lactose dans cet article : http://www.memoireonline.com/09/08/1518/m_les-limites-de-la-vision-occidentale-du-vivant3.html.
Ce problème soulève des questions ayant trait aux limites de la science, mais aussi à la conception de la Nature.
J'en viens donc au rapport avec Spinoza : dans cet exposé, certains faits semblent mettre en évidence un finalisme dans la Nature. Or qu'en dirait Spinoza pour qui Dieu-Nature n'agit jamais en vue d'une fin ?
Un grand nombre d'auteurs partagent l'idée d'un dessein dans la Nature, bien qu'ils s'expriment avec des termes différents. Paul Diel écrivait déjà dans Psychologie de la Motivation :
L'essai théorique (Darwin) de réduire la finalité biologique à un épiphénomène plus ou moins hasardeux de la causalité, en expliquant l'évolution comme étant la conséquence du combat pour la survivance, prouve finalement, de la manière la plus éloquente, le contraire de ce qu'il voudrait prouver. La théorie ne parvient pas à remplacer la finalité par la causalité, mais à prouver que la finalité, dominant toutes les manifestations de la vie, se sert de la causalité pour aboutir à ses fins évolutives.
Devant ce vocabulaire fortement finaliste et les arguments qui précèdent, la question se pose : y a-t-il un Sens et un But ?
Cordialement.