Si je puis me permettre…
Spinoza n’est pas un philosophe mais un « physicien » comme les philosophes présocratiques (les phusikoi) ou comme Lucrèce : comme ceux qui ont étudié la nature (Phusis). On a comparé l’Ethique au De Rerum Natura.
Ce n’est pas davantage un métaphysicien et on note qu’à part une allusion aux métaphysiciens dans l’Appendice de la partie I, la métaphysique n’est citée qu’une seule fois dans l’Ethique pour y être critiquée (en E II 48 sc. « […] des étants Métaphysiques, autrement dit des universaux […] »)
Son éthique résulte de sa « physique » dont la particularité est que la Phusis, ici, s’appelle « Dieu ».
Conscience et conscience de soi
Re: Conscience et conscience d
Allons bon, j'ai ouï dire qu'à une époque, il fut reproché à ce forum d'être un dangereux repaire de bouddhistes, et v'là t'y pas que je causerais dans un symposium de physiciens maintenant... y'a pu de saisons !
- hokousai
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Re: Conscience et conscience de soi
Si l 'Ethique de Spinoza résultait de sa physique, de sa "petite physique" comme on dit, ce serait une petite Ethique.
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Re: Conscience et conscience de soi
aldo a écrit :Un métaphysicien n'a pas à répondre à des questions de type scientifique.
C' est l'évidence même.

Re: Conscience et conscience de soi
Deleuze a écrit :Le problème de la philosophie est de donner une consistance sans rien perdre de l'infini dans lequel la pensée plonge (le chaos à cet égard a une existence mentale autant que physique). Donner consistance sans rien perdre de l'infini, c'est très différent de la science qui cherche à donner des références au chaos
L'absolu philosophique est construit contre le chaos, cette nuit du monde qui encercle la pensée de son infinité insaisissable. En même temps que la philosophie le construit, il lui faut combattre les illusions qui accompagnent toujours les tentatives de faire lever un rayon étroit de lumière sur cette nuit profonde. L'absolu deleuzien, on le voit, est la tâche que s'assigne doublement la pensée, contre le néant, contre l'illusion. Tout ce que la philosophie peut faire, et qui est cependant plus que tout, c'est cela, construire un absolu qui ne serait que philosophique, ce qui revient à dire placer la pensée dans une vertigineuse posture où l'être passe tout entier en elle, d'un seul coup, d'un seul tenant, et la pensée toute entière dans l'être, d'un éclair, d'une fulgurance. Ne concéder rien d'autre, rien d'étranger, rien de supérieur à ce passage, que la réversibilité de l'être et de la pensée comme spécificité pure de la parole philosophique.
(Pierre Montebello - Deleuze)
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Re: Conscience et conscience de soi
Spinoza n’est pas un physicien au sens actuel de ce terme mais un « physicien » au sens qu’avait ce mot chez les anciens Grecs, un phusikos, quelqu’un qui étudie la Phusis (la Nature).
Sa « Physique » fait l’objet des trois premières parties de l’Ethique.
La première : « de Deo » mais qui aurait pu s’intituler « de Natura », expose l’auto-déploiement de la Phusis (de Dieu) en général.
Les deux suivantes concernent une expression particulière de la Phusis : l’homme, un être parfaitement naturel, c’est-à-dire entièrement « physique ».
Une éthique, autrement dit un art de vivre, découle de cette « Physique ». Elle est décrite dans les deux dernières parties de l’Ethique.
Spinoza s’intéresse, ici, aux moyens de nous libérer de la servitude, d’être dans la joie et de célébrer la vie.
Sa « Physique » fait l’objet des trois premières parties de l’Ethique.
La première : « de Deo » mais qui aurait pu s’intituler « de Natura », expose l’auto-déploiement de la Phusis (de Dieu) en général.
Les deux suivantes concernent une expression particulière de la Phusis : l’homme, un être parfaitement naturel, c’est-à-dire entièrement « physique ».
Une éthique, autrement dit un art de vivre, découle de cette « Physique ». Elle est décrite dans les deux dernières parties de l’Ethique.
Spinoza s’intéresse, ici, aux moyens de nous libérer de la servitude, d’être dans la joie et de célébrer la vie.
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Re: Conscience et conscience de soi
="Vanteers"Spinoza n’est pas un physicien au sens actuel de ce terme mais un « physicien » au sens qu’avait ce mot chez les anciens Grecs, un phusikos, quelqu’un qui étudie la Phusis (la Nature).
Certes, mais à ce compte là Hegel est aussi un physicien qui expose l’auto-déploiement de la Phusis (de Dieu) en général.
Ce sont des genres de physiciens tels qu'on les dit "métaphysiciens".
Ce mot "métaphysicien" n'engage pas plus qu' à penser autrement que ne le font justement les physiciens .
Re: Conscience et conscience de soi
Décidément, on est en plein dans la confusion philosophie/science...
- Vanleers
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Re: Conscience et conscience de soi
On peut sans doute dire qu’Hegel, en effet, est un « phusikos » au sens déjà donné.
Mais on risque le contresens en disant que Spinoza est un « métaphysicien », même en mettant des guillemets.
« Natura » est la traduction latine du grec « Phusis ». Selon Spinoza, il n’y a rien d’autre que la Natura, qu’il examine selon ses aspects Natura naturans et Natura naturata.
Tout est naturel, autrement dit, en revenant au grec, tout est « physique » (relève de la Phusis).
Il n’y a rien au-delà du « physique », rien de méta-« physique ».
Mais on risque le contresens en disant que Spinoza est un « métaphysicien », même en mettant des guillemets.
« Natura » est la traduction latine du grec « Phusis ». Selon Spinoza, il n’y a rien d’autre que la Natura, qu’il examine selon ses aspects Natura naturans et Natura naturata.
Tout est naturel, autrement dit, en revenant au grec, tout est « physique » (relève de la Phusis).
Il n’y a rien au-delà du « physique », rien de méta-« physique ».
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Re: Conscience et conscience de soi
Vanleers a écrit :Il n’y a rien au-delà du « physique », rien de méta-« physique ».
Nous ne nous comprenons pas sur un point précis.
"Métaphysique" ne signifie pas (pas d'emblée) qu'il existe autre chose que la Nature, mais que les questions posées ne sont pas les mêmes.
Disons
1) qu'il y a différentes sortes de questions (tout simplement) et conséquemment différentes sortes de réponses.
2) et que certains objets de la pensée demandent certaines manières de questionner.
.
Le méta-physique est épistémologique pas substantiel.
Il est dans le genre de la question. Il ne préjuge pas de l'ontologie de l' objet questionné selon telle procédure. Il ne préjuge pas de sa constitution (= pas de sa substantialité ).
Le méta-physique pose que certains objets pensés peuvent (et doivent) être questionnés différemment .
......................
Aristote parle de philosophie première (ce qu'on a ultérieurement appelé métaphysique ), pour Aristote se poser la question de l'être en tant qu'être ne signifie pas qu'il existe plus ou au delà de l'être.
En l'occurrence l 'objet est bien évidemment, naturel. Il est pensé comme objet ( l 'être ou l' Etre par exemple).
Il n'y a même pas de pré-jugé sur la réalité de la pensée et par exemple de la préjuger extra naturelle .
La pensée se donne comme immanente (expérience immanente) et est donc naturelle.
La pensée a comme objet l' Etre ou Dieu ou la Nature ...ou même la pensée tout court.
La meta-physique questionne cette pensée qui a un ou des objets pensés.
Elle le fait selon des procédures qui ne sont pas celles de la physique naturelle.(a fortiori scientifique moderne).
Et il est pour moi évident que Spinoza ne questionne pas l'idée de Dieu de la même manière que Boyle, à son époque, fait ses expériences.
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