Enegoid a écrit :Voici mon interprétation (un peu moins compacte, je l’avoue) mais semble-t-il « inverse » de la vôtre :
Ce n'est pas à proprement parler une interprétation, mais, sauf erreur, une contraction purement logique de la démonstration.
Enegoid a écrit :Le bien suprême est la connaissance de Dieu (E4 p58). Dieu est dans les choses particulières qui sont des affections des attributs de Dieu (E1 p25). Le troisième genre de connaissance c’est de passer de la connaissance de l’essence de certains attributs de Dieu (choses particulières) à l’essence des choses.
Hum ! Ce n'est pas l'ordre requis par Spinoza : Dieu et ses attributs (c'est la même chose) vient en premier, puis les modes infinis et les choses singulières ensuite. Mais OK, c'est bien au travers des choses singulières soumises au changement qu'on connaît Dieu, par les notions communes (axiomes), les démonstrations, les propositions qui en découlent (ou lois, ou propriétés des choses), et en retour ultime : la vision intuitive, directe, dans les choses singulières, de ce qu'elles désignent.
En fait, les choses singulières sont des phénomènes dont la racine éternelle est : les lois (outre les attributs et les modes infinis, le tout constituant l'essence divine.)
Spinoza, Ethique, traduit par E. Saisset, a écrit :E2P10S : [Ces philosophes qui ne définissent pas proprement l'essence] n’ont pas gardé l’ordre philosophique des idées. La nature divine, qu’ils devaient avant tout contempler, parce qu’elle est la première, aussi bien dans l’ordre des connaissances que dans l’ordre des choses, ils l’ont mise la dernière ; et ces choses qu’on appelle objet des sens, ils les ont jugées antérieures à tout le reste. Or voici ce qui est arrivé : pendant qu’ils considéraient les choses naturelles, il n’est rien à quoi ils songeassent moins qu’à la nature divine ; puis, quand ils ont élevé leur esprit à la contemplation de la nature divine, ils ont complètement oublié ces premières imaginations dont ils avaient construit leur science des choses naturelles ; et il est vrai de dire qu’elles ne pouvaient les aider en rien à la connaissance de la nature divine, de façon qu’il ne faut point être surpris de les voir se contredire de temps en temps...
Lettre 10 à Simon de Vries : Vous me demandez si nous avons besoin de l’expérience pour être assurés que la définition d’un attribut est vraie. Je réponds que l’expérience n’est requise que pour les choses dont la définition n’emporte pas l’existence, par exemple, pour les modes, l’existence d’un mode ne résultant jamais de sa seule définition ; mais l’expérience est inutile pour les êtres en qui l’existence ne diffère pas de l’essence et dont la définition par conséquent implique l’existence réelle. L’expérience n’a rien à voir ici ; elle ne nous donne pas les essences des choses ; le plus qu’elle puisse faire, c’est de déterminer notre âme à penser exclusivement à telle ou telle essence déterminée. Or l’existence des attributs ne différant pas de leur essence, il s’ensuit qu’aucune expérience n’est capable d’y atteindre.
Enegoid a écrit :Donc quand j’augmente ma connaissance des choses particulières, en passant par le 3èmre genre de connaissance qui les relie à Dieu, j’augmente ma connaissance de Dieu. Et donc c’est ce que je recherche par dessus tout : ce passage de la connaissance des choses particulières à la connaissance de Dieu (dit Spinoza).
Cela me va.
Enegoid a écrit :Nul ici je pense ne qualifierait Spinoza d’hédoniste. Mais Spinoza n’a rien contre un hédonisme bien tempéré ! Je n’ai donc pas la même inquiétude que vous.
Oh, Spinoza ne m'inquiète pas, c'est même le strict opposé. C'est sa lecture qui peut poser problème, si l'on se méprend sur le sens.
Serge