TRE - § 9 à 13

Lecture pas à pas du Traité de la Réforme de l'Entendement. Utilisez s.v.p. la numérotation caillois pour indiquer le paragraphe que vous souhaitez discuter.
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Louisa
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Messagepar Louisa » 03 sept. 2009, 00:28

Durtal a écrit :On répète: l'objection "ceci est une affirmation du sens commun" n'est PAS une objection VALIDE.

Ce n'est PAS un argument


je suis bien sûr tout à fait d'accord avec cela, je crois que c'est exactement ce que je viens de dire.

Une affirmation n'est pas un argument (donc pas une objection non plus, une objection n'étant qu'un argument qui va à l'encontre d'une autre affirmation). Pour pouvoir avoir un argument, il faut, comme je le disais, une argumentation.

Juste affirmer que x n'est pas vrai en disant que x fait partie du sens commun n'est bien évidemment pas argumenter, c'est donner une opinion. Donc c'est une affirmation qui en effet ne peut jamais constituer une objection valide.

Il faut en revanche donner toute une argumentation afin de montrer pourquoi telle ou telle affirmation du sens commun est fausse (ou vraie; puisque ce n'est pas non plus parce que c'est une affirmation du sens commun qu'on a déjà la preuve qu'elle est vraie).

C'est déjà ce que dit Platon: l'opinion peut être vraie ou fausse. Ce qui fait que c'est une opinion, c'est qu'il s'agit d'affirmations non argumentées, affirmations qu'on adopte ou auxquelles on adhère parce qu'on les ressent comme évident, mais sans pouvoir dire pourquoi. Seule l'argumentation permet de dire pourquoi une affirmation serait fausse ou vraie. Donc seule l'argumentation permet de donner des arguments (et a fortiori des objections).

Spinoza dit un tas de choses qui correspondent au sens commun, cela ne rend pas le spinozisme tout à coup faux. Mais cela ne le rend pas nécessairement vrai non plus. Ce qui est capable de rendre vrai c'est l'argumentation, ce que Spinoza a bien compris, lui qui a décidé d'exposer sa philosophie more geometrico.

Si donc quelqu'un trouve qu'il est faux d'affirmer qu'il n'y a pas de potentiel chez Spinoza, il va bien falloir rendre non valide l'argumentation que j'ai donnée pro cette affirmation ou que d'autres ont déjà donnée. Juste expliciter la thèse inverse ne permet pas de rendre cette argumentation invalide (ni même de rendre la thèse inverse valide).
L.
Modifié en dernier par Louisa le 03 sept. 2009, 11:53, modifié 1 fois.

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Messagepar Louisa » 03 sept. 2009, 01:30

Bardamu a écrit :je ne suis pas du tout d'accord avec ça...
Tu reprends le schéma aristotélicien pour partir d'une matière (bois) et aller à une matière formée (table). Du point de vue spinozien, c'est partir d'une essence pour en faire une autre complètement hétérogène. Le bois se définit par ses fibres etc., la table par ses 4 pieds etc., et tout ceci n'a rien à voir l'un avec l'autre.


Juste ceci déjà. J'avais bien compris qu'à certains égards tu te distancies de la conception aristotélicienne de la puissance. Hier (ou avant-hier?) tu avais déjà dit que selon toi chez Spinoza il n'y a pas d'abord déjà une forme qui ensuite s'actualise, ce qui s'actualise est plus indéfini et ne se définit davantage qu'en s'actualisant. Ici tu y ajoutes que chez Spinoza les deux essences qu'il faut rapprocher l'une de l'autre ne sont pas complètement hétérogènes (or je ne suis pas certaine qu'elles sont complètement hétérogènes chez Aristote non plus; si c'était le cas, comment en faire un composé qui tient debout? Enfin, je devrais vérifier).

Si donc j'ai compris cela et je continue à désigner ce que tu dis de temps en temps comme étant aristotélicien, il ne s'agit plus d'une identité entre ce que tu dis de la puissance et la puissance aristotélicienne, il s'agit d'une analogie. C'est-à-dire: je prends bien acte de ce que tu n'acceptes pas chez Aristote, mais à mes yeux tu continues à utiliser certains aspects du schéma aristotéliciens, précisément ces aspects qui tombent dans une lecture du spinozisme où il n'y a plus de potentiel du tout (enfin, ce n'est pas juste toi, c'est le fait même de référer à un potentiel qui fait qu'on est à certains égards nécessairement plus proche d'Aristote que d'une pensée qui annule tout potentiel). En ce sens précis, la comparaison continue à avoir un sens, il me semble.

A titre d'exemple: lorsque tu dis:

Bardamu a écrit :l'esprit se libère, son essence dans l'existence correspond à son essence selon l'éternité


on voit bien qu'ainsi comprise la libération consiste à faire correspondre deux essences qui au départ ne correspondent pas. Sescho appelle cela: "atteindre" l'essence de l'Homme, ou s'y "approcher". Et en effet, il me semble que dès que l'on travaille avec la notion de potentiel, même juste tel que l'utilise le langage courant, on doit accepter cette séparation ne fût-ce que temporaire entre deux essences. C'est exactement (et notamment) cette séparation qui devient inconcevable une fois que l'on lit la liberté spinoziste sans faire appel à la notion de potentiel. Donc en cela, ton interprétation est plus proche d'Aristote qu'une interprétation qui n'utilise pas la notion de puissance au sens de potentiel (puisque chez Aristote aussi, la situation de départ consiste en une séparation entre deux essences qui vont d'une manière ou d'une autre se joindre).

Mais dire que les deux schémas ont cela en commun ne signifie pas qu'ils ont tout en commun. Dans une analogie, justement, il n'y a que des éléments analogues, pas une identité de tout en tout.

Si donc je continue à utiliser l'exemple du bois et de la table de temps en temps, c'est parce que malgré tout il permet de dire certaines choses concernant le potentiel qui sont plus difficile à dire autrement. Mais il faut donc lire ces exemples sans coller tout le schéma aristotélicien dans son entièreté dessus. Ci-dessus par exemple, dans ma réponse à ton message de hier soir, l'exemple du bois et de la table servait avant tout à expliciter ce que tu appelles le "potentiel actuel", c'est-à-dire servait à essayer de te montrer que j'avais bien compris que dans une pensée du potentiel, le potentiel en tant que capacité est quant à lui bel et bien déjà réel, et non pas lui-même aussi potentiel, au sens de l'adjectif. Les messages que j'ai après essayent principalement d'expliquer la même idée. Si j'ai voulu expliciter cela maximalement, c'est parce que j'avais l'impression que pour l'instant je n'arrivais pas à te faire comprendre que je sais bien que dans le langage courant, la puissance/capacité est actuelle (or tu n'en dis rien dans ton dernier message ... cela signifie-t-il que malgré tout ce n'est toujours pas clair ... ?).

Enfin, si tu as l'impression que même en disant cela je me trompe et il n'y a strictement rien en commun entre ton interprétation (ou celle des intervenants dans cette discussion, d'ailleurs, puisque tous semblent vouloir garder la notion de potentiel) et celle d'Aristote, ce serait intéressant de reprendre les passages où je parle d'Aristote pour me dire en quoi le parallèle que j'y fais (donc l'élément commun que j'y vois) pour toi n'est pas correcte, car cela signifie que je serais en train de mal comprendre la façon dont tu conçois le potentiel chez Spinoza, alors que j'ai moi-même plutôt l'impression que de ce côté-là il n'y a pas de problème, ce que tu en dis n'est pas foncièrement différent de ce qu'en disent un Macherey ou d'un Deleuze lorsqu'ils introduisent la notion de "réalisation de soi" etc. dans le spinozisme. Dans ce cas cela vaudrait la peine de savoir ce que je suis en train de mal comprendre plus précisément.
L.

PS: ceci étant dit, tu dis que la forme qui s'actualise n'est pas encore prédéfinie avant d'être actualisée (si bien qu'il vaut même mieux laisser tomber la notion de forme, ce que Sescho ne fait pas, si je l'ai bien compris), mais ici tu dis tout de même que ce qu'il s'agit d'actualiser, c'est l'essence éternelle. L'essence éternelle serait-elle dès lors elle-même changeante, au fur et à mesure qu'elle se réalise? Il n'y aurait pas une seule essence éternelle, mais mon essence éternelle serait aussi changeante que mon essence dans l'existence? Mais alors comment comprendre cette idée de "correspondance" entre les deux essences? Quand est-ce qu'elles vont pouvoir "coïncider" et comment? Et si l'essence éternelle ne change pas (ce qui me semble être nécessaire du fait même qu'elle est éternelle), comment ne pas la comprendre comme une "forme" pré-établie à laquelle l'essence dans l'existence devrait essayer de correspondre? Il ne faut pas nécessairement comprendre par "forme" ici la forme aristotélicienne, je parle d'une forme en général. Puis on sait que l'essence se définit par un degré de puissance. Mon essence éternelle a-t-elle un autre degré de puissance que mon essence dans l'existence? Et si c'est le cas, pourquoi serait-ce le degré de puissance de l'essence éternelle qui me définirait "au fond", et non pas le degré (plus bas, si j'ai bien compris, puisque tu dis que dans l'existence l'homme est "affaibli") de l'essence telle qu'elle existe?
Bref, pour moi introduire la notion de potentiel dans le spinozisme implique qu'il devient difficile d'encore respecter à la lettre les définitions que Spinoza donne de ses concepts-clefs (comme celle d'essence par exemple). Mais il se peut que je me trompe, bien sûr. Si pour toi les réponses à toutes ces questions sont claires, et si tu trouves le temps de les expliciter ici, je t'en remercie déjà.
Modifié en dernier par Louisa le 03 sept. 2009, 12:03, modifié 1 fois.

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Messagepar Louisa » 03 sept. 2009, 01:43

Bardamu a écrit :> Je ne te vois pas parler de libération, des effets de l'effort de la raison, du cheminement que propose Spinoza pour le salut des hommes.


j'en ai parlé notamment en réponse à un passage où tu traites de la libération comprise sur base d'une notion de potentiel. En guise d'exemple, re-voici le dernier paragraphe de ma première réponse à ton avant-dernier message (réponse de hier soir donc):

louisa a écrit :Il n'y a pas déjà là quelque chose en germe qui serait "contraint" de rester non réalisé aussi longtemps que certaines conditions sont absentes. La contrainte chez Spinoza signifie être "co-agi" (coacta). C'est toujours poser un acte, mais ne plus en être la seule cause. Ce n'est plus une contrainte au sens courant du terme. La contrainte n'a plus rien à voir avec ce que Isaiah Berlin a baptisé la "liberté négative" (être libre au sens de être libéré de ce qui m'empêche de faire ce que naturellement/spontanément je ferais). La liberté spinoziste n'est pas une liberté négative (libérer des contraintes), c'est une liberté qui n'est rien d'autre que l'Amour intellectuel de Dieu c'est-à-dire la compréhension d'un certain nombre de choses dans leur essence singulière en tant que celle-ci est éternelle et éternellement telle qu'elle est (et non pas telle qu'elle pourrait un jour être) en Dieu. C'est comprendre qu'une chose est déjà divine telle qu'elle est, est déjà parfait et entièrement "achevée" telle qu'elle est. C'est la comprendre dans ses déterminations, ou comprendre qu'en étant déterminé de cette manière précise, elle est parfaite, divine. En faisant cela, on "se libère" de l'idée inadéquate qu'on avait auparavant de la même chose, aussi longtemps qu'on la concevait comme imparfait, manquant certaines choses dont on trouve qu'il était en elle d'avoir. On se libère donc de ses Passions, si l'on veut. Mais non pas de "contraintes". Et cette "libération" est en réalité un passage d'une essence moins forte à une autre essence plus forte, non pas une "libération" d'une seule et même essence déjà là mais qui ne "se" réaliserait néanmoins pas encore entièrement ou "pleinement".


A propos, je crois qu'il est important de tenir compte du fait que jamais Spinoza ne parle d'une liberatio dans l'Ethique, raison pour laquelle on ne trouve pas le terme "libération" dans les traductions non plus, du moins pas dans celle de Sausset. Pautrat ayant fait une traduction la plus littérale possible, cela m'étonnerait qu'il l'aurait introduit, mais je ne dispose pas d'une version électronique de sa traduction qui permettrait de vérifier facilement. Peut-être qu'Appuhn le fait, puisqu'on sait que sa traduction est assez "libre", au sens où parfois il traduit par des mots qui ont aujourd'hui des lourdes connotations, qu'ils n'avaient pas nécessairement chez Spinoza?

On pourrait objecter que si Spinoza n'utilise jamais le mot "libération", il doit quand même utiliser le verbe, "se libérer de". Ce verbe apparaît effectivement dans l'Ethique, mais cela seulement 5 fois, et jamais dans la cinquième partie, ce qui serait étrange si la liberté spinoziste était une "libération", puisque cette cinquième partie est entièrement consacrée à la notion spinoziste de liberté. A mon avis c'est aussi pour éviter qu'on confond la liberté spinoziste avec une quelconque "libération" que Pautrat a décidé de traduire liberare de par "délivrer de".

En réalité, le mot "libérer de" survient la plupart des (5) cas dans un sens tout à fait amoral. Par exemple "se délivrer d'un danger de mort", E4P72 scolie (on retrouve exactement le même sens dans l'E3P57 scolie), ou lorsqu'il dit d'une chose qui nous fait pitié que nous nous efforcerons autant que nous pouvons de "la délivrer du malheur", E3P27 cor.III (repris tel quel dans l'E4P60 démo). Enfin, il y a un seul endroit où Spinoza utilise le se liberare de en un sens plus "moral" et moins concret, et cela non pas dans une proposition démontrée mais quelque part dans un scolie: E4P57 scolie: "nous délivrer de la Crainte". Cela signifie que ceux qui veulent concevoir la liberté spinoziste essentiellement comme une "libération", n'ont qu'un seul endroit sur lequel ils peuvent se baser, une petite phrase dans un seul scolie. Pour le reste, Spinoza n'en parle ... jamais. Et surtout pas lorsqu'il nous explique en détail sa conception de la liberté, objectif de la 5e partie.

Comme déjà dit pour d'autres situations similaires, à mon sens ce n'est pas un hasard que Spinoza n'utilise pas le mot de libération pour désigner son concept de liberté. On peut pas rejeter ce fait comme simple "problème technique". Si Spinoza veut concevoir la liberté comme une libération, il nous l'aurait dit, puisqu'il connaît clairement le mot "se libérer de". Ce qu'il fait en revanche, c'est nous expliquer sous quel point de vue l'homme est libre, et comment le devenir davantage encore, puisqu'on ne peut pas s'empêcher de le désirer.

Le terme "libération" suggère effectivement que la liberté consisterait à se libérer "de" quelque chose. Alors que comme je viens d'essayer de le montrer, à mon sens la liberté spinoziste (et encore plus lorsqu'on laisse tomber l'idée de potentiel) n'est pas vraiment ça. Chez Spinoza on est toujours aussi libre qu'on est béat, et cela exactement dans la mesure où l'on comprend c'est-à-dire dans la mesure où on a des idées adéquates. Il n'y a pas quelque part une essence éternelle qui a déjà davantage d'idées adéquates que ce que notre même "essence dans l'existence" a (ce qui est une des raisons pour lesquelles à mon sens distinguer une "essence éternelle" et une "essence dans l'existence" est impossible (à part le fait que je ne vois pas comment mon moi pourrait à la fois se définir par une essence d'un degré "maximal" et une essence de degré inférieur; comme pourrais-je à la fois avoir deux degrés de puissance différents?).

C'est pour ça qu'on est toujours déjà "parfait", il n'y a aucun "cheminement" à faire avant d'arriver à ce que Sescho appelle un "état achevé". On ne devient pas moins imparfait lorsqu'on devient plus libre, on devient plus parfait encore. Il ne s'agit pas de se défaire de quelque chose (se libérer de, perdre quelque chose qui était "de trop", parvenir à se débarrasser de quelque chose), il s'agit d'ajouter quelque chose à ce qu'on est déjà (plus précisément des idées adéquates; il faut former des idées adéquates 1) de nos idées inadéquates, 2) des propriétés que nous avons en commun avec d'autres choses, et 3) des essences d'un maximum de choses et de Dieu sur base d'une idée adéquate de l'essence divine et de l'éternité de notre propre essence). Chaque fois qu'on a produit une idée adéquate, on est devenue une chose plus libre, avec une essence plus puissante, et il s'agit bel et bien d'une liberté "positive" au sens de Berlin (to be free to do something, contrairement à la liberté négative to be free from, s'être délivré de). Nous serons alors plus libre de penser et d'agir d'une telle manière que nous sommes davantage la seule cause de ces pensées et actions (le "être plus libre de" a ici le sens de "avoir une plus grande force de"). Bref, l'éthique spinoziste n'est pas une éthique de la libération, c'est une éthique de la libérté (pour ceux qui pensent qu'il ne faut pas trop prendre les mots au sérieux: ceci n'est pas un jeu de mots, cela résume bien plutôt deux manières de penser fort différentes, et j'espère avoir pu déjà un peu indiquer en quoi).

Enfin, Spinoza nous avertit du danger d'interpréter la béatitude comme quelque chose qui ne se produise qu'après ou au cours d'un cheminement lorsque, comme j'ai déjà dit dans cette discussion, dans un fameux scolie dans l'E5 (P33) il dit explicitement que la béatitude n'a pas de commencement, n'a pas de naissance, qu'il n'a fait comme s'il s'agissait de ce genre de "cheminement" que parce qu'il est en train de faire un exposé discursif où les choses se suivent chronologiquement. Il ne dit pas que pour une "essence dans l'existence" il y a cheminement chronologique vers l'état de béatitude, tandis qu'il y aurait quelque part une autre essence, qui néanmoins serait la nôtre aussi, et qui elle serait déjà "béat à notre insu" et sans devoir faire tout ce cheminement. Il dit qu'en réalité la béatitude, je cite, "à coup sûr, doit consister en ce que l'Esprit est doté de la perfection même". Il n'y a pas de cheminement parce que la béatitude est la perfection de l'Esprit même, tel qu'il est ici et maintenant. Si demain cette perfection augmentait, alors je serai plus béat encore, mais ce ne sera pas moins "pleinement" béat que juste avant (ce qui n'empêche pas qu'il faut faire tout un cheminement dans l'Ethique avant de pouvoir comprendre les dernières propositions, bien sûr; il ne s'agit pas d'abolir tout cheminement, il s'agit de dire que dès qu'il y a discursivité il y a cheminement, mais non pas lorsqu'il s'agit de la béatitude). On pourrait éventuellement dire qu'il y a cheminement entre les différents étapes (entre la pleine béatitude vécu au moment x et la plus grande pleine béatitude vécu au moment x + y (si tout va bien), mais alors on dit juste qu'il y a succession dans le temps de différents degrés de puissance. L'essence de la béatitude ne consiste pas dans cette succession, elle est déjà pleinement là à chaque étape. Autrement dit, il n'y a pas un "cheminement vers la béatitude", si cheminement il y a, c'est toujours vers davantage de béatitude.

Pour un autre développement de la même idée, voir mon message ci-dessus, écrit aujourd'hui, sur le principe de plénitude.
L.
Modifié en dernier par Louisa le 03 sept. 2009, 13:49, modifié 6 fois.

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Messagepar vieordinaire » 03 sept. 2009, 12:12

Ma chere Louisa,

vous parlez du "sens commun" et de la "raison". Est-ce que vous realisez que quelque soit le sens que vous donnez a la faculte de raison, vos recent posts suggerent que votre idee de la raison appartient beaucoup plus a celle du "sens commun" et non pas a celle de Spinoza (laquelle est obscure et, ironiquement, l'idee de ce qui devrait etre invariant, a beacoup evolue au cours de ses ecrits; 2p39 et 2p40 n'a rien avoir avec la validite d'un 'raisonnement' ou de l'argumentation (voir 5pref a ce sujet)). Il en est de meme pour votre conception de la validite et veracite d'une idee, qui n'est pas celle 2p43. Ultimement, votre idee d'une "idee" est beacoup plus proche de celle du "sens commun" (quel que soit sa nature, ce qui est une autre question, mais bon vous n'avez aucun probleme pour les simplifications naives ...) que de celle de Spinoza.

Il semble que l'histoire se repete encore une fois ... ainsi que l'absurde d'un passe pas si lointain ... qui vous echappe toujours.

Et non je ne vais pas supporter mes commentaires avec des arguments betons; si vous etes incapable de les verifier avec votre propre "raison" ... et bein malheureusement continuez de perseverer dans vos erreurs/etre.

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Messagepar Louisa » 03 sept. 2009, 13:12

vieordinaire a écrit :si vous etes incapable de les verifier avec votre propre "raison" ... et bein malheureusement continuez de perseverer dans vos erreurs/etre.


Bonjour Vieordinaire,

disons qu'à mon avis Spinoza a une autre idée de la félicité ... :D .

Pour revenir au point de départ de cette discussion, voici ce qu'il dit au début du Traité de la Réforme de l'Entendement (G8-B14):

Spinoza a écrit :C'est donc la fin à laquelle je tends, à savoir acquérir une telle nature et faire effort pour que beaucoup l'acquièrent avec moi: c'est-à-dire fait aussi partie de ma félicité d'oeuvrer à ce que beaucoup d'autres entendent la même chose que ce que j'entends (...).


Mais je suppose qu'à vos yeux ce "beaucoup" laisse tout de même de la place pour quelques exceptions, et sans doute suis-je dans votre optique l'un de ces "cas désespérés" ... :-).
Bien à vous,
L.

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Messagepar vieordinaire » 03 sept. 2009, 14:43

Encore une fois, et cette fois ci au travers de vos insinuations, vous faites de ce qui est un sujet delicat, une response sans subtilitee ...

"At first I resolved to leave your letter unanswered, thinking that time and experience will assuredly be of more avail than reasoning, to restore you to yourself and your friends;" Lettre a Burgh 74(76)


Vous avez cette malheureuse habitudes d'inferer des conclusions definitives en utilisant des extrait isoles, sans regard pour la coherence and consistence de vos interpretations avec d'autres extraits, et la complexite des idees de Spinoza. Mais bon, nous avons auparavant essayez de progresser a ce niveau sans grand succes ...

Pire, nous ne parlons pas de concept ici mais d'intention contingente d'un Spinoza qui etait encore 'vert' lorsqu'il s'est exprime ... Avec vous, bien souvent vos speculations deviennent evidences de quelque sorte pour autre chose ... Pire, vous vous servez de vos interpretations des intentions de Spinoza (que de toute evidence vous comprenez pas aussi bien que vous le laissez paraitre) comme evidence de quelque sorte ... sans aucune circonspection et peu de discernement quant a l'incertitude regardant leur valeur reelle.

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Messagepar vieordinaire » 03 sept. 2009, 15:04

De plus, au lieu d'addresser le contenu de mon message, votre reponse se concentre sur qui, en apparence, pourrait sembler etre une divergence entre mess intentions ou attitudes et ce qui auraient ete celles de Spinoza ... laquelle serait suffissante pour determiner de la valeur du contenu de mon message (sinon pourquoi pas y repondre directement ; et ne perdez pas votre temps il est deja trop tard par une response de cette nature) ... Tres edifiant ... tres "philosophique"

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Messagepar Louisa » 03 sept. 2009, 15:10

Chère Vieordinaire,

l'ensemble de vos interventions sur ce forum reviennent à dire exactement la même chose que ce que vous venez de dire ici. Vous intervenez systématiquement non pas pour parler de Spinoza, mais pour parler de ce qui vous dérange dans ce que vous imaginez être mes "intentions".

Juste pour rappel: ce fil de discussion porte sur le début du TIE, et nous sommes en train d'essayer de mieux comprendre en quoi consiste le concept spinoziste de bonheur ou béatitude, sachant que selon certains celle-ci peut être comprise comme une actualisation d'une essence éternelle que nous sommes potentiellement, tandis que selon d'autre lorsqu'on respecte le texte de Spinoza à la lettre, il faut plutôt dire que rien n'est "en puissance" dans le spinozisme, et que donc il n'y a pas d'actualisation ou réalisation non plus, ce qui signifie qu'il faut penser la liberté spinoziste autrement. Si vous pensez quelque chose à ce sujet qui n'a pas encore été dit, ce sera sans doute intéressant de connaître votre opinion, et j'y répondrai avec plaisir.
Cordialement,
L.

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Messagepar vieordinaire » 03 sept. 2009, 15:42

"l'ensemble de vos interventions sur ce forum reviennent à dire exactement la même chose que ce que vous venez de dire ici. Vous intervenez systématiquement non pas pour parler de Spinoza, mais pour parler de ce qui vous dérange dans ce que vous imaginez être mes "intentions". "

Encore fois les exagerations sans limites et absolues. Il y a quelques temps j'ai essaye de vous engager avec des analyses detaillees des textes, ou bien discuter l'importance du "contexte" de l'Ethique en plus du texte; vous n'avez jamais reellement repondu a ces posts. Meme apres l'encouragement de Hokousai.

Comme vos derniers messages illustrent bien vous choissez parcinomieusement les sujets de vos reponses et vos batailles philosophiques (en plus de vouloir imposer vos 'regles de guerres' sur ce qu'un echange doit et ne doit pas etre ...)[/b]

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Messagepar 8 » 03 sept. 2009, 16:43

allons, allons restons courtois.
Le sujet est passionnant il y a certainement encore beaucoup à dire sur la puissance, virtuelle ou pas.
Au fait, n'y a t-il pas des puissances tristes comme celle d'avoir raison pour avoir raison?
Le questionnement sur qu'est-ce qu'une puissance me paraît bien au coeur
de la philosophie de Spinoza et les réflexions de Louisa tout a fait pertinentes, même si je ne suis pas tout a fait convaincu.
Continuons mais.... sagement


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