Enegoid a écrit :Je vais faire gros.
On perçoit dans vos textes de la haine (contre les marchands, la monnaie, etc.), de la tristesse (devant le triomphe de la bêtise), des affects, donc, à contenir en bon spinozistes, et à remplacer par des affections de joie nées de la connaissance des choses qui vous affectent, cad provenant d'idées adéquates de la monnaie, des marchands, du travail etc.
Ouh là !!
Non, pas vraiment.
Je crois que faire le constat que l'aliénation se renforce par le fait même de l'organisation sociale qui est la notre ne vaut pas acte de haine.
Comme je l'indiquais, je ne crois pas que le marchand soit un voleur, ni même un méchant homme, ni que la monnaie soit problématique en tant que telle. Je crois cependant que cette fameuse société de consommation qui est au coeur de ce débat encourage grandement le triomphe de valeurs passionnelles, qu'elle tend à imposer de l"en soi" non questionné (la pub joue précisément sur la psychologie telle que Spinoza l'analyse en E3, pour laisser au désir et à l'imagination le soin de construire l'échelle des valeurs - on se retrouve alors avec de l'écran plat bien en soi, etc.).
Si vous notez avec justesse qu'on a tendance à avoir une moins bonne opinion qu'il n'est juste de la chose qu'on a en haine, souvenez-vous également qu'on a également une meilleure opinion qu'il n'est juste de celle qu'on aime (même référence ). Je pourrais aussi bien vous retourner le compliment...
La première étape vers la connaissance et une joie active (car méfiez-vous, la joie est le plus souvent passive : spontanément, elle est sous le même régime que la tristesse....), c'est de considérer froidement ce que nous avons à considérer.
Ni tristesse, ni haine, mais ni joie, ni amour. Sans quoi nous risquons de leur attribuer une valeur que cela n'a pas.
Alors simplement... regardez la télé ce soir, jetez un oeil à la pub, et dites-moi ce à quoi elles nous invite. Que délivre-t-elle comme "connaissance" ? 1er genre ? 2ème ? 3ème ?
Sollicite-t-elle plus votre raison ou votre imagination ?
Ce point mis à part, je ne vois pas en quoi exprimer une réserve quant à l'enthousiasme général pour la dite consommation peut témoigner de la haine pour qui que ce soit. Et au passage, Spinoza lui-même se serait, dit-on, fendu d'un panneau pour indiquer à ses contemporains qu'ils se conduisaient comme des barbares à l'occasion de l'assassinat des frères De Witt. Etait-ce de la haine de l'humanité ?