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Espace pour se présenter : qui êtes vous (ou pensez vous être) ? Comment avez vous découvert Spinoza ? Qu'est-ce qui vous intéresse chez lui plus particulièrement ? et tout ce qu'il vous conviendra de dire pour permettre de mieux se connaître.
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Messagepar Explorer » 14 déc. 2012, 14:49

Bonjour. Nouveau venu, depuis quelques jours je parcours ce site où se retrouvent des spinozistes, certes, mais surtout des personnes qui ont soif de comprendre. La discussion, l'échange de vues me semblent tout à fait appropriées pour avancer, en dehors de nos lectures. Je suis enseignant, à Marseille, en plein coeur de quartiers où se concentrent misère matérielle et intellectuelle. Depuis plus de vingt ans, je travaille à faire en sorte que les jeunes que je rencontrent s'ouvrent à la connaissance et à la réflexion, cela n'a rien d'une sinécure, mais c'est indispensable, donc à faire.
Quelques-uns d'entre vous ont dû remarquer que je signalais, peut-être abusivement, le fait que j'ai écrit un essai, publié tout récemment chez l'Harmattan, et intitulé : Spinoza, la matrice.
Je voudrais ici m'en expliquer parce que j'admets que cela n'aille pas de soi. D'abord, j'en parle pour une raison simple : que sert-il de produire un texte si ce n'est pour qu'il soit lu ? Parlons de l'aspect financier : je n'ai jamais imaginé un seul instant gagner de l'argent avec un ouvrage sur Spinoza. Par ailleurs, les contrats d'édition chez l'Harmattan sont tels que ce n'est qu'au 501 ème exemplaire vendu, que je toucherai 0,5 euros par exemplaire supplémentaire vendu. J'écris des romans, sous divers pseudos, ceux-là, et ceux-là seulement pourront me rapporter quelques subsides. Reste la question de l'intérêt de ce que j'ai écrit, et donc de l'intérêt pour vous de le lire.
La philosophie est question de sensibilité. La lecture de Spinoza par Gilles Deleuze en est une preuve éclatante. Mais dire que je suis sensible aux manières philosophiques de l’un et de l’autre ne suffit pas pour justifier cet essai. Je voulais y exposer la vision du monde de Spinoza et puis pousser un peu plus loin, interroger, mettre à l’épreuve son système sur des questions aussi diverses que la vie de couple, la théorie du chaos, l’existence éternelle, la hiérarchie entre les individus, l’inconscient ou encore l’humanisme et l’école. Pourtant, interroger Spinoza, même avec le concours de Gilles Deleuze, c’était m’octroyer une position légitime pour le faire. Et puisqu’il s’agit ici de parler des idées de Spinoza, où trouverai-je une telle légitimité sinon dans les principes même du spinozisme ?
Premier point, la seule légitimité, la chance minimale dont je dispose, consiste dans l’intérêt de la rencontre. Vous me rencontrerez (si vous me lisez) à travers ce livre et, pour Spinoza, quelque chose d’essentiel se jouera pour vous, à savoir que je vous affecterai. Vous ne pouvez pas savoir ce que ça va donner car la notion de possible n'existe pas pour Spinoza, pour autant, en termes spinozistes, ce sera pour vous de la tristesse ou de la joie. Plus probablement un mélange des deux, mais avec l’une ou l’autre qui sera première.
Il va sans dire que j'ai donné le meilleur de moi-même pour que ce soit de la joie.
Deuxième point, d’un certain point de vue, mon analyse vaut celle d’un expert, d’un érudit. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que Spinoza ne verrait aucune différence entre le dix-septième étage d’un immeuble et le quatrième. Si je compare, dirait-il, l’un d’eux est situé plus haut que l’autre mais, ajouterait-il aussitôt, il n’en est pas pour autant supérieur à lui. De la même façon, la vague de dix mètres est plus puissante que la vaguelette, elle n’en est pas pour autant supérieure. Évidemment, tout le monde sait bien qu’il y a une différence entre la vague et la vaguelette. Alors de quel point de vue puis-je affirmer que l’une et l’autre sont sur un pied d’égalité ? Là encore, je ne vous apprendrai rien en précisant que pour Spinoza, il n’existe aucune différence entre elles en tant qu’elles sont toutes deux des parties (pars) de la puissance totale, du Tout. Toutes deux sont des degrés de puissance, des degrés de cette puissance totale, des degrés différents, certes, mais en tant que puissance elles se valent. Ce qui compte pour la vague comme pour la vaguelette c’est que leurs puissances soient effectuées, c’est-à-dire qu’elles fassent toutes deux ce qu’elles peuvent faire. Or, quand une chose existe, que ce soit une pierre, une vague, ou un homme, sa puissance est toujours en acte. Autrement dit, ce que cette chose peut faire c’est toujours ce qu’elle fait. En ce sens, la vaguelette comme la vague de dix mètres sont aussi parfaites qu’elles peuvent l’être, elles expriment aussi parfaitement l’une et l’autre ce qu’elles sont ici et maintenant et à chaque instant. Ainsi, je suis aussi parfait que je peux l’être en écrivant ces lignes (ou l'ouvrage sus-cité) autant que le sage ou l’érudit peuvent l’être de leur côté. Nous réalisons, les uns et les autres, que nous le voulions ou non et à chaque instant, notre degré de perfection, notre puissance. De ce point de vue, mon analyse vaut celle d’un expert, elle est aussi parfaite qu’elle peut l’être.
Pour autant, y-aura combinaison de rapports entre nous ? Nous conviendrons nous, où plutôt le texte sus-cité vous apportera-t-il quelque chose, augmentera-t-il votre puissance, car là, et là seulement est la question.
Faut voir. Je n'ai pas d'autre réponse, si ce n'est que le débutant comme l'expert peuvent à mon avis trouver dans cet ouvrage du grain à moudre.
Troisième et dernier point, si différences il y a (entre moi et un autre) ce sera surtout du point de vue limité de l’entendement humain, pas du point de vue du Tout. Pas au niveau des puissances, mais au niveau où les choses douées d’entendement peuvent, par confort, établir des hiérarchies. Ne me voyez donc pas prétentieux d'écrire sur Spinoza, ce pas du tout ainsi que j'ai envisagé ce travail, ce n'est pas ainsi que je l'ai vécu, et puis dire que je suis prétentieux, ne serait-ce pas valider l'idée d'une hiérarchie entre les étants ?
Je m'en remets donc à votre appréciation pour ce qui est de me lire ou pas, et sur ce je vous laisse en paix.
JP Collegia

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Henrique
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Messagepar Henrique » 16 déc. 2012, 18:00

Bonjour et bienvenue ici JP Collegia ou Explorer !
Comme je l'ai dit dans un autre fil, venir nous parler ici de votre travail, en commençant par le faire connaître, même s'il se trouve être accessible uniquement en librairie, ne pose pas de problème du point de vue de la charte. Surtout tant que vous continuez de vous montrer réceptif à ce qu'on vous écrit et que vous y répondez aimablement, ce qui est l'essentiel de l'esprit d'un forum.

Je trouve que votre façon d'expliquer l'égalité en perfection de toutes choses, malgré les distinctions en degrés de puissance, est très claire et utile, même pour un lecteur de Spinoza de longue date comme moi.

Je trouve aussi que les thèmes que vous abordez, en sortant des questionnements strictement universitaires d'histoire de la philosophie, pour aborder des questions actuelles et concrètes mérite en soi d'être signalé et porté à l'attention du public plutôt qu'une énième réinterprétation du spinozisme (toujours intéressante en soi mais d'une certaine façon plus facile que de se confronter aux questions concrètes de l'existence vécue).

Je me pose pour l'heure une question sur le titre de votre ouvrage : Spinoza, la matrice de quoi ? Pourquoi ce terme en titre de votre ouvrage ? Y aurait-il une référence à un film populaire dans les lycées quand il est question d'inciter de jeunes esprits à philosopher ?

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Messagepar Explorer » 16 déc. 2012, 19:08

Bonsoir Henrique. Hélas, il était difficile d'éviter de penser au film qui semble s'être approprié définitivement le terme Matrice. Et pourtant comment appeler un chat autrement que chat sinon en tournant autour du pot (encore un des problèmes des signes). Je pensais donc au terme dans son entendement mathématique et même physique : une matrice est un système de nombres qui repose sur lui-même et permet d'interpréter en termes pratiques des calculs purement théoriques. L'idée que Spinoza ait voulu nous livrer sa matrice de l'univers, c'est-à-dire le mode d'emploi pratique du cosmos, après avoir pu résoudre l'équation à un niveau théorique (en accédant aux idées du troisième genre, ce dont je ne doute pas le concernant) me séduit beaucoup. Par suite, une matrice est in fine un vecteur, l'Ethique de Spinoza est un vecteur également, vecteur qui possède une direction, un sens et une norme : la direction est l'axe joie-tristesse, le sens, celui des joies,de l'augmentation de puissance, la norme quant à elle (sans jeu de mot) est énorme, c'est la puissance de pensée de Spinoza.
Voilà mon idée, voilà pourquoi ce titre.

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Messagepar cess » 17 déc. 2012, 09:09

Bonjour ,

et contente de te relire Henrique!

A Explorer:
La matrice....Les nombres, les points-unité qui dansent dans l'espace et le temps...

Verrais-tu dans ton rapprochement une certaine influence des philosophes pré-socratiques (Pythagore) sur Spinoza?

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Messagepar Explorer » 17 déc. 2012, 12:24

Bonjour cess.
Tu me demandes :
Verrais-tu dans ton rapprochement une certaine influence des philosophes pré-socratiques (Pythagore) sur Spinoza?
La réponse est évidemment oui. Bien que, personnellement je ne crois pas à la mystique des nombres. Spinoza non plus d'ailleurs, ce qui l'intéressait c'était l'attitude (rigueur mathématique) des présocratiques face ou contre les mythes et autres fantaisies de l'époque. Sinon, dans mon esprit, la matrice de Spinoza est une matrice d'idées et non de nombres (mais cela fonctionne aussi).
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Messagepar Henrique » 17 déc. 2012, 18:59

Si on enlève les nombres de la matrice que serait l'Ethique, ne serait-on pas dans une matrice au sens technique, un moule permettant de mettre en forme dans la matière, mettre de l'ordre dans le chaos de notre connaissance du premier genre ? Ou alors une autre image déjà classique, plus proche de l'idée de mode d'emploi : l'Ethique comme carte de l'être, pour s'orienter dans sa propre existence ?

Cess, très bien ton nouvel avatar !

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Messagepar cess » 17 déc. 2012, 19:42

De l'âne,je suis passée à petit scarabée suivant Maitre Po...mais il y a encore du boulot!!!
Modifié en dernier par cess le 18 déc. 2012, 00:47, modifié 1 fois.

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Messagepar Explorer » 17 déc. 2012, 19:54

Oui Henrique. Nous sommes absolument d'accord.

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Messagepar Henrique » 18 déc. 2012, 16:02

Cess : le scarabée, c'est quel type d'affirmation de la volonté de puissance, ça déjà ? Après l'âne, je croyais que c'était le lion. Je suis un peu perdu... :twisted:

Explo : Et au fait, puisqu'on est ici sur ta page de présentation personelle, est-ce que tu pourrais nous parler un peu de tes autres livres ? Tu disais que tu avais écrit sous pseudonyme des romans, est-ce qu'il s'y trouve quelque inspiration spinozienne ? Kundera définissait le roman tel qu'il l'envisage comme une sorte de métaphysique concrète. Mais la métaphysiques de Kundera me semble fondamentalement idéaliste, schopenhauerienne, je cherche toujours des romans vraiment spinozistes (je ne parle pas de farces de potaches, amusantes mais limitées du style "Spinoza encule Hegel").

Autre question : tu disais être enseignant à Marseille, comment fais tu pour écrire avec les paquets de copies, les cours à préparer, les x réunions à préparer et/ou honorer de sa présence ?

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Messagepar Explorer » 19 déc. 2012, 17:32

Bonsoir Henrique. Le plus spinoziste de mes romans est assurément le dernier, mais il est en soumission. Tu peux avoir un avant goût (couv et quatrième de couv en ligne) en allant sur la page facebook associée à mon nom (faut demander à être mon ami avant, ce à quoi, pour ma part, je suis prêt à répondre par l'affirmative). Autrement, je versais avant dans l'anticipation, mais j'ai arrêté. Je travaille actuellement sur un roman kafkaien, autour du thème de la liberté illusoire, c'est pour avril, pas avant.
Sinon, comment je fais pour faire mon boulot de prof engagé, tout ça avec trois enfants en plus et une passion dévorante pour l'escalade (je gravis et équipe des itinéraires de grande envergure en montagne; les rapports du rocher et les miens se combinent à merveille, de ce que j'en ai compris, ce n'est pas l'activité en elle-même qui me convient mais bien le rocher, et pour être encore plus précis le rocher vertical, le contact prolongé avec les lignes de fuite minérales) ?
La réponse est simple, chaque minute de mes journées est pleine de quelque chose, je ne me repose que quand je dors (je dors bien heureusement), et quand je n'en peux plus, je me motive en me rappelant que le temps et la vie sont si précieux, que je ne peux gâcher cette chance que la Nature s'est donnée à travers moi pour s'exprimer. Ma manière d'être exige de l'énergie, certes, mais sans doute m'en fournit-elle beaucoup.
JPC


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