Aurobindo a écrit :P.S: je ne suis pas certain que Korto cherche tant a attirer l'attention qu'a statuer définitivement, pour lui, sur l'inquiétant "cas" Spinoza.
en tout cas, je ne vois pas comment déduire d'un simple message sur un forum quoi que ce soit de pertinent concernant la "psychologie" de son auteur. Exit donc l'idée de se débarrasser des messages de Korto en se disant simplement qu'il ne veut qu'"attirer l'attention". Cela me semble être beaucoup plus intéressant de se concentrer sur l'essentiel de ce qu'il dit, et qui n'est qu'une variante sur un thème fort présent dans la philosophie occidentale: celui d'une méfiance radicale par rapport à tout espoir de pouvoir trouver le salut par la raison.
Or si le spinozisme est, comme le dit Martial Gueroult, un "rationalisme absolu", les messages de Korto constituent une excellente occasion pour essayer de voir en quoi cette méfiance par rapport à un tel rationalisme pourrait être fondée ou non. Et là, on touche tout de même à quelque chose de tout à fait essentiel, il me semble.
Sinon en ce qui me concerne - mais cela n'engage que moi - j'aime bien le style "flamboyant" de Korto. C'est que ce style reflète parfaitement le désir (désir "sauvage", comme le diraient certains philosophes) d'atteindre, comme Korto l'a très bien dit, "l'inaccessible étoile", désir qui à mon sens est on ne peut plus spinoziste, puisque c'est EXACTEMENT ce désir de réaliser l'impossible qui anime Spinoza dès le TIE, c'est-à-dire dès le moment où il décide d'essayer de trouver un moyen pour accéder à une nature plus parfaite que la nature humaine, tout en sachant pertinemment que dans un système entièrement déterminé, ce désir est assez absurde.
Mon impression actuelle, c'est donc que Korto pour l'instant attaque non pas le spinozisme en tant que tel (à mon avis, il n'a jamais lu Spinoza dans le texte d'une façon un peu sérieuse - à lui de me corriger si je me trompe...
), mais se base sur des critiques de Spinoza qui l'ont lu trop rapidement pour que la critique soit pertinente, tandis que l'exigence que Korto semble avoir par rapport à toute philosophie me semble être assez bien prise en compte par le spinozisme. Or... si cette hypothèse est vrai, cela devrait être possible de finir par convaincre Korto des coïncidences entre son propre désir et ce qu'en dit Spinoza. Toutefois, aussi longtemps qu'on n'a pas réussi à obtenir son accord à ce sujet, cela n'est qu'une hypothèse, sans plus, bien sûr.
Korto a écrit :Si il y a une chose que j'accorde à Spinoza c'est bien ce zen , cette ignorance de la haine et du ressentiment Nietzschéen, ce renoncement aux "passions tristes", comme vous dites.
Alors ? Alors ? Alors ?
Je ne comprends pas.
il faut savoir que c'est bel et bien Nietzsche qui a dit, après avoir lu Spinoza, qu'enfin il ne se sent plus seul au monde... . A mon avis, associer le spinozisme au "zen" est une erreur. Chez Spinoza, il ne s'agit surtout PAS de renoncer aux passions tristes, il s'agit de développer une méthode pour en faire quelque chose de façon active, ce qui signifie qu'il faut passer par la reconnaissance de ce que ces passions tristes affirment réellement, au lieu de les éviter ou refouler. C'est là que Nietzsche et Spinoza peuvent se rencontrer, je crois, et que Spinoza a pu avoir cet effet de "consolation" sur Nietzsche, sans diminuer en quoi que ce soit l'aspect "intempestif" de celui-ci ... .
L.