Comme un coureur shooté à l'endorphine qui demande de plus en plus à faire du footing
Oui je crois que c'est plutôt ça. La spéculation métaphysique fait cet effet là. L' algèbre aussi ...
Lechat a écrit :… Le "ludique" (selon l'expression de Sescho) i.e. la métaphore, la parabole, le jeu de rôle (l'identification), le jeu de mot, relève du premier genre de connaissance il me semble.
Spinoza a écrit :TRE(34) 52. … la fiction ne s'applique guère qu'aux choses considérées en tant qu'elles existent, c'est de ce genre de perception que je parlerai d'abord : je veux dire celle où l'on feint l'existence d'un objet, et où l'objet ainsi imaginé est compris ou supposé compris par l'entendement. Par exemple, je feins que Pierre, que je connais, s'en va chez lui, vient me voir, et autres choses pareilles. A quoi se rapporte une telle idée ? elle se rapporte aux choses possibles, et non aux choses nécessaires ou aux choses impossibles.
…
(37) 58. Arrivons aux fictions qui concernent les essences, soit seules, soit mêlées de quelque actualité ou existence. … moins les hommes connaissent la nature, et plus il est en leur pouvoir de feindre mille choses : des arbres qui parlent, des hommes qui se métamorphosent soudain en pierres, en fontaines, des spectres qui apparaissent dans des miroirs, rien qui devient quelque chose, et jusqu'aux dieux prenant la figure des bêtes ou des hommes, et une infinité de choses du même genre.
…
61. … si l'esprit applique son attention à une chose feinte et fausse de sa nature, pour la considérer, la comprendre, et en déduire régulièrement les vérités qu'on en peut inférer, il lui sera facile de mettre à découvert sa fausseté ; au contraire, que l'idée feinte soit vraie de sa nature, et que l'esprit s'y applique pour la comprendre et en déduire régulièrement les vérités qui en découlent, il procédera heureusement de déduction en déduction, sans que la chaîne se rompe, à peu près comme nous avons vu tout à l'heure qu'il mettait aussitôt en pleine lumière l'absurdité de la fiction fausse et de ses conséquences.
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65. Concluons rapidement, et montrons en résumant que nous n'avons nullement à craindre de confondre ce qui n'est qu'une fiction avec les idées vraies. Pour le premier genre de fiction dont nous avons parlé, celle où la chose est clairement conçue, nous avons vu que si l'existence de cette chose nous est donnée comme une vérité éternelle, elle est par là même inaccessible à la fiction. Si l'existence de la chose conçue n'est pas une vérité éternelle, il faut seulement comparer son existence à son essence, et considérer l'ordre de la nature. Dans le second genre de fiction, que nous avons dit être le résultat de l'attention enveloppant sans l'assentiment de l'esprit différentes idées confuses empruntées à divers objets et diverses actions de la nature, nous avons vu que nous pouvions feindre une chose absolument simple, et qu'il en est de même d'une chose composée, pourvu que nous attachions notre attention aux éléments simples qui la constituent. Bien plus, il n'est pas même en notre pouvoir de feindre quelque action qui se rapporterait à ces objets et qui ne serait pas vraie ; car nous serions obligés de considérer en même temps les causes et les motifs de cette action.
Position de Spinoza : ni condamnation, ni éloge des passions.
Tradition qui le précède (cf. début Ethique 3) : indignation à l’égard des passions; motif de satire, de mélancolie, de reproche moral et théologique; l’homme est en dessous de sa nature (rationnelle), est vicieux.
La description est acceptée par Spinoza; mais refus de l’indignation, car l’impuissance est une conséquence de la nature humaine, qui est fondamentalement celle d’un être affectif; opp. discours scientifique / discours normatif.
Spinoza est conscient de sa rupture à l’égard de cette tradition.
Mais à ses yeux, ce phénomène reste essentiellement négatif : pas d’éloge des passions non plus.
Tradition qui le suit (à partir du XVIIe s) : éloge des passions et de leur positivité; Helvetius par ex.; les passions peuvent faire des choses que la raison ne peut pas faire; elle sont un moteur positif – créateur – de la vie humaine, et non signe d’impuissance; il s’agira tout au plus de les orienter; ce qui élève l’homme au dessus de lui-même, ce sont les passions, non la raison; une bonne nature, supérieure à la raison; histoire (Hegel), art (esthétique du « génie »).
Spinoza ne va pas jusque là.
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