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Questions et débats touchant à la doctrine spinoziste de la nature humaine, de ses limites et de sa puissance.
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Vanleers
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Messagepar Vanleers » 22 juin 2013, 15:54

A Hokousai

Merci de m’avoir signalé le livre d’Audié. Je connaissais son existence mais vous m’avez décidé à le commander.

Pautrat n’emploie certainement pas le mot « scientificité » au sens de Popper. Ce qui pourrait être falsifiable dans l’Ethique, ce sont les constats empiriques, non déductibles des définitions, qui font l’objet des postulats et axiomes.
Mais Spinoza, qui n’a pas voulu faire œuvre de science, est resté très prudent et s’est contenté de constats très simples qui restent encore solides aujourd’hui (je ferais peut-être une exception pour l’axiome 2 après le corollaire du lemme 3 d’E II 13 dans lequel Spinoza parle d’égalité des angles d’incidence et de réflexion, mais est-ce si important ?).
Par « scientificité », Pautrat fait peut-être allusion à la mathématique dont parle Spinoza, dans l’Appendice de la partie I, lorsqu’il écrit :
« […] la Mathématique, laquelle s’occupe non des fins mais seulement des essences et propriétés des figures »

Peut-être avez-vous lu le dernier message que j’ai publié sur la comparaison entre Spinoza et Ignace de Loyola.
Il vous était destiné car, en conclusion de cette recherche, j’ai émis moi-même des réserves sur cette comparaison.

Bien à vous

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Messagepar hokousai » 22 juin 2013, 19:31

à Vanleers

oui bon ..cette histoire de mathématique est ouverte.

Sur le fond de la question
Il y a une tendance rationaliste à trouver des vertus dans l'exercice du raisonnement bien construit . C 'est ce que suggère Pautrat et quelques autres . Spinoza a probablement estimé que l'exercice du raisonnement était profitable.( une sorte de training autogène)

Mais ce qui est réellement profitable réside dans ce qui est raisonné : les essences et dans un ordre. L'ordre dans lequel s'enchaine les idées est plus important que la manière . Les idées découlent les unes des autres dans un ordre et il faudrait véritablement voir si chez Spinoza c'est un raisonnement qui les produit .

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Messagepar hokousai » 23 juin 2013, 00:41

cher Vanleers

Je recopie une critique de Condillac ( Condillac est un critique particulièrement féroce de Spinoza )

Les signes des géomètres ont non seulement différentes significations, par rapport à l’entendement, mais encore par rapport aux choses: c’est pourquoi tout ce qu’ils démontrent de leurs signes, se trouve démontré des objets mêmes, supposé qu’ils existent. Rien ne seroit plus frivole que leurs démonstrations, si leurs termes n’avoient différens sens que par rapport à l’entendement. Que Spinosa invente pour une même chose autant de noms qu’il lui plaira, il ne prouvera rien; ou il montrera seulement quelle seroit la nature des êtres, si elle étoit telle qu’il l’imagine: ce qui doit peu intéresser son lecteur.


Je dirai que Condillac a parfois raison sauf que ce qu'imagine Spinoza ça peut intéresser le lecteur. Dommage pour Condillac . Je ne pense pas qu'on entre dans Spinoza par les démonstrations mais par l'imagination. On imagine tel que Spinoza imagine, on s' y retrouve.
L'aborder sans l 'esprit (ie les intuitions profondes de Spinoza) tel que Condillac le saisit et au niveau du démonstratif( voire pour Condillac des mots ) autorise toutes les critiques de type logique, nominaliste, ou empiriste. L'esprit critique se mue rapidement en esprit de critique.

Spinoza a écrit :Car, bien que j'aie montré dans la première partie d'une manière générale que toutes choses (et par conséquent aussi l'âme humaine) dépendent de Dieu dans leur essence et dans leur existence, cette démonstration, si solide et si parfaitement certaine qu'elle soit, frappe cependant notre âme beaucoup moins qu'une preuve tirée de l'essence de chaque chose particulière et aboutissant pour chacune en particulier à la même conclusion.(prop36/5)


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