hokousai a écrit :J’aurai pu écrire """"""""Sachant très bien que depuis ma naissance je vois le monde par mes yeux je pense que l’oeil a été formé pour voir donc qu'il y a finalité (ou que la fin est inscrite dès le début ) je le pense et je le crois . Que voulez vous que j argumente ? """
Il y a fonction de l’ œil , son rôle , son utilité sont de voir .Au cours de l’évolution certaines cellules se spécialisent dans la sensibilité aux variations de luminosité
D’abord parce qu’il y a luminosité ( modification de l’étendue ) ensuite parce que pour un organisme vivant il est utile de voir . Il y a fonction utile développée parce que l’organisme tend à vivre et survivre , je pense donc que le conatus ( chez Spinoza ) réintroduit le finalisme par la fenêtre .
L’organisme tend à persévérer dans son être , certes , mais tend également à se métamorphoser .Le mouvement ascendant est suivi d’ un déclin .Ce déclin n’est pas du à des forces extérieures . La loi du déclin( et donc de la mort) ) est autant inscrite dans l’organisme que celle du conatus . Je redis donc que sous cet aspect il y a finalité .
Ce qui n’est pas une question morale ( le devoir mourir ) ni de but , mais de fonction . De fonction dans ce grand organisme dont parle Spinoza ..
Non c'est pas si simple que ça.
Souvenez vous du bouquin de Monod (le hasard et la nécessité) qui distingue de façon tout a fait stricte la reconnaissance des structures "téléonomiques" (dont l'oeil est un exemple en effet spectaculaire) de toute hypothèse concernant une finalité objective. (que Monod relègue au rang des pensées pré ou para scientifique bien qu'il accorde que l'oeil est manifestement "fait" pour voir: sauf qu'il a une explication non finaliste du même fait) On peut dans une certaine mesure (c'est ce à quoi tend tout l'ouvrage en question) rendre compte en termes de "causalité efficiente" (pour causer comme au XVIIeme siècle) tout ce que nous avons tendance à attribuer à l'action de causes finales. Il est vrai qu'il faut intervenir des schéma causaux non linéaires impliquant des "feed-back" (des boucles rétroactives) -Monod donne des exemples très détaillés et très convaincants de ceci dans son bouquin au niveau de l'activité cellulaire.
Le darwinisme (ou plutôt le concept darwinien de la "pression de sélection" ) rend de même inutile l'intervention du concept de finalité objective. Les espèces sont des effets des milieux mais des effets dont la description complète est extrêmement complexe à cause de la quantité de paramètres qui sont en jeux.
Des gens comme Descartes ou Spinoza, qui sont des penseurs de l'automaticité se trouverait à mon humble avis comme des poissons dans l'eau dans notre moderne biologie. (paradoxalement peut être beaucoup plus que Leibniz) Je suis persuadé (mais je suis peut être le seul de cet avis) que Spinoza énonce très clairement ( dans la "petite physique" et sa théorisation de l'individualité,) certaines des idées qui feront plus tard le socle de ce qu'on appellera "cybernétique", car ce que Spinoza appelle "individu" me paraît donner une formulation possible de la notion de "rétroactivité" qui encore une fois est un concept qui nous dispense de faire intervenir des causes finales, pour expliquer l'existence des mêmes choses.
D.