Miam a écrit :Soyons précis : les notions communes du deuxième genre traitent des causes du point de vue de la partie, c a d des effets de la totalité. Mais elles ont bien accès à la totalité comme puissance de la causalité immanente dans la mesure où elles sont l’idées, en cela Bardamu était d’accord, de compositions (ou « consonnance » puisque la « contrariété » est une « dissonance » (de « discrepant »)) de rapports infitairement composés. Les notions communes ont accès à la causalité immanente comme infinité. Elles n’appréhendent pas des « propriétés » (proprietates) analytiques, fût-ce « communes » mais bien des « propres » (propria) communs.
Quels sont ces « propres communs » ? Des parties, sans doute, mais des parties considérées selon l’ordre des causes - sans quoi il ne s’agirait pas de « Raison » - parce que liées à leur composition infinitaire c a d synthétique et non considérées comme des morceaux finis de l’étendue ou de la pensée comme le fait encore l’analyse cartésienne.
Quel est le statut ontologique de ces notions comunes. Je dis qu’en tant qu’elles sont des synthèses complètes c’est à dire adéquates (non « mutilées »), elles sont l’idée d’individus, de formes, c’est à dire d’essences : non toutefois de l’essence de la chose avec laquelle nous avons des « propres communs » mais ces « propres » eux-même sont des essences. Le mouvement est bien la première des notions communes et est un mode infini c’est à dire une essence. Et il en est de même pour les notions communes non « universelles » (comme disent les commentateurs mais non Spinoza). Les notions communes du deuxième genre sont les idées des essences des effets/parties de la chose considérée.
Au contraire du deuxième genre, le troisième genre permet les idées non de l’essence des parties de la chose considérée (les « propres communs ») mais l’idée de l’essence de la chose considérée elle-même via celle de mon propre Corps parce qu’elle considère la causalité immanente non plus du point de vue des parties mais de la totalité à partir de l’idée de Dieu. Sans être plus précis pour l’instant (on y reviendra sans doute), je remarque qu’au début de la cinquième partie, les notions communes du deuxième genre de connaissance sont à présent nommées « idées claires et distinctes » alors que dans la deuxième partie celles-ci « découlent des notions communes » et sont adéquates dans cette seule mesure. Dans la cinquième partie aussi les idées claires et distinctes découlent des idées adéquates. Or ces idées adéquates du troisième genre opèrent comme les notions communes mais du point de vue de la totalité de sorte que les notions communes proprement dites du deuxième genre qui considère les « propres » ou essences des parties/effets en découlent comme les effets découlent des causes et, en particulier de l’idée de Dieu. On peut bien réserver le terme de « notion commune » au deuxième genre et à la considération des « propres », il n’en demeure pas moins que le troisième genre suit la même procédure mais du point de vue de la totalité, à savoir à partir de l’indispensable idée de Dieu qui réplique l’essence formelle d’un attribut.
Mes commentaires :
"leur composition infinitaire c a d synthétique et non considérées comme des morceaux finis de l'étendue ou de la pensée", ça veut dire "en tant que modes de l'attribut", modes d'être, manières d'exister ?
Tu veux opposer la chose en tant que mode de l'attribut à la chose en tant que mesurable ou découpable par l'imagination ?
Miam a écrit :Quel est le statut ontologique de ces notions comunes. Je dis qu’en tant qu’elles sont des synthèses complètes c’est à dire adéquates (non « mutilées »), elles sont l’idée d’individus, de formes, c’est à dire d’essences : non toutefois de l’essence de la chose avec laquelle nous avons des « propres communs » mais ces « propres » eux-même sont des essences.
Le mouvement est bien la première des notions communes et est un mode infini c’est à dire une essence. Et il en est de même pour les notions communes non « universelles » (comme disent les commentateurs mais non Spinoza). Les notions communes du deuxième genre sont les idées des essences des effets/parties de la chose considérée.
Tu considères donc que par les notions communes ont connait des "propres" qui seraient des essences.
Dans une autre discussion, je parlais de traits caractérisant la chose et entrant aussi bien dans la composition d'une autre chose. Le mouvement serait ainsi le trait le plus général des corps. Par contre, je ne vois pas pourquoi tu appelles ça une "essence".
Pourquoi considères-tu qu'un mode infini est une essence ?
Miam a écrit : On peut bien réserver le terme de « notion commune » au deuxième genre et à la considération des « propres », il n’en demeure pas moins que le troisième genre suit la même procédure mais du point de vue de la totalité, à savoir à partir de l’indispensable idée de Dieu qui réplique l’essence formelle d’un attribut.
Réserver le terme "notion commune" au deuxième genre, c'est ce que fait Spinoza...
Mais, alleluia !, je crois avoir compris ta thèse et j'essaie de résumer :
Le 3e genre serait une sorte d'application délocalisée de la connaissance du 2nd genre, chaque "propre" étant un "propre" de Dieu, de la totalité.
D'un côté, nous aurions la conception par les "propres" qui seraient des sortes d'essences communes, et de l'autre la conception par des essences singulières prenant en compte la totalité universelle.
Pour toi, une essence singulière serait une propriété, un "propre" de Dieu comme une notion commune concernerait une propriété, un "propre" de telle ou telle chose.
L'idée me semble pas mal avec un bémol qui reprend un peu toutes mes observations sur les modes placés avant Dieu.
J'ai le sentiment que ton idée met les modes comme conditionnant de Dieu. Si tu dis qu'une chose singulière est un "propre" de Dieu, cela caractérise Dieu, de même que le "propre" dans les notions communes caractérise la chose. Au lieu d'avoir son essence comme source de tout, Dieu voit son essence définie par ses modes, ses expressions. Cela me donne plutôt l'idée d'un Dieu comme composition infinie de "propres" que comme source de tout "propre". Y'a-t-il encore une Nature Naturante ?
Sommes-nous vraiment dans le 3e genre de connaissance ? Sommes-nous vraiment dans l'intuition de l'essence éternelle et infinie de Dieu ?
Quelle différence entre comprendre Dieu ainsi, et comprendre une collection d'essences singulières ?