Bardamu voit dans la philosophie de l'absurde (Sartre) des convergences avec le spinozisme. Convergences dans la négation de la finalité et dans la négation d'un Dieu personnel et transcendant.
Moi je vois au contraire dans la philosophie de l'absurde l'antithèse parfaite du spinozisme. N'oublions pas que la philosophie de l'absurde s'est érigée contre le rationalisme exagéré de Hegel, qui est assez semblable par principe au rationalisme de Spinoza.
Par exemple, la liberté n'existe pas dans le spinozisme, tandis qu'elle est la grande valeur et la grande vérité de la philosophie de l'absurde: «l'homme est condamné à être libre».
Mais là où l'opposition est la plus frappante, c'est sur le principe de raison d'être: le spinozisme, de même que Leibniz, en abuse. La philosophie de l'absurde le nie et lui préfère la contingence et la gratuité (ce qui permet de croire en la liberté). Je vous donne un extrait de «La Nausée» de Sartre:
Sartre a écrit :L'essentiel, c'est la contingence. Je veux dire que, par définition, l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être là, simplement; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. Il y a des gens, je crois, qui ont compris ça. Seulement ils ont essayé de surmonter cette contingence en inventant un être nécessaire et cause de soi. Or aucun être nécessaire ne peut expliquer l'existence: la contingence n'est pas un faux-semblant, une apparence qu'on peut dissiper; c'est l'absolu, par conséquent la gratuité parfaite. Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même.
Qu'en pensez-vous? Voyez-vous toujours des convergences avec le rationalisme spinoziste?