la philosophie de l'absurde

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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YvesMichaud
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la philosophie de l'absurde

Messagepar YvesMichaud » 01 avr. 2004, 07:46

Entrons dans le vif du sujet:

Bardamu voit dans la philosophie de l'absurde (Sartre) des convergences avec le spinozisme. Convergences dans la négation de la finalité et dans la négation d'un Dieu personnel et transcendant.

Moi je vois au contraire dans la philosophie de l'absurde l'antithèse parfaite du spinozisme. N'oublions pas que la philosophie de l'absurde s'est érigée contre le rationalisme exagéré de Hegel, qui est assez semblable par principe au rationalisme de Spinoza.

Par exemple, la liberté n'existe pas dans le spinozisme, tandis qu'elle est la grande valeur et la grande vérité de la philosophie de l'absurde: «l'homme est condamné à être libre».

Mais là où l'opposition est la plus frappante, c'est sur le principe de raison d'être: le spinozisme, de même que Leibniz, en abuse. La philosophie de l'absurde le nie et lui préfère la contingence et la gratuité (ce qui permet de croire en la liberté). Je vous donne un extrait de «La Nausée» de Sartre:

Sartre a écrit :L'essentiel, c'est la contingence. Je veux dire que, par définition, l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être là, simplement; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. Il y a des gens, je crois, qui ont compris ça. Seulement ils ont essayé de surmonter cette contingence en inventant un être nécessaire et cause de soi. Or aucun être nécessaire ne peut expliquer l'existence: la contingence n'est pas un faux-semblant, une apparence qu'on peut dissiper; c'est l'absolu, par conséquent la gratuité parfaite. Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même.


Qu'en pensez-vous? Voyez-vous toujours des convergences avec le rationalisme spinoziste?
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Messagepar hokousai » 03 avr. 2004, 01:24

cher Yves

Je reprends ,puisqu'il y a reprise ,ce que j'ai esquissé dans mon bref échange avec Zerioughfe .

Il y a dans le Spinozisme une ascension , comme un appel pour la raison à atteindre ,un état de connaissance celui du troisième genre .
Il na s'agit pas de finalité dans la nature mais "de" la nature . Aussi ne voyais -je pas l'engendrement automatique ( de l'automate ) du travail de la raison comme dépourvu de sens et ainsi "absurde" .

Si le troisième genre de connaissance procède à partir de l'idée adéquate de certains attributs de Dieu( nous sommes à la fin de l'Ethique quand Spinoza dit cela ) on peut dire que le cercle se referme et nous sommes ramené au début au tout début de l' oeuvre .
Qu’il n’y a donc pas de circulation déterministe de cause à effet mais la présence éternelle d'une idée .

Mais Spinoza ne fait pas l économie du deuxième genre de connaissance , lequel est à l’action dans les partie intermédiaires entre la première et la cinquième . Tout ce cheminement à travers les affects ,le corps et l'esprit ,c’est le comment de l’ ascension vers .Mais vers ce qui est dit au début . .dans la première partie et posé comme définitions et axiomes ..

Les axiomes posées au début sont justifiés par le mouvement de la raison dans la connaissance du second genre . L’ esprit dans la connaissance du troisième genre a conscience non de la nécessité mais du désir qui permettait de commencer le système là où il commence . C’est à dire du désir de Dieu .Lequel n’est pas un produit du système mais se révelle à soi par le système .On pourrait dire que l’idée de Dieu se stabilise prend de la puissance par le système explicatif .Mais quelle est là d’ emblée .Que la raison ne la « fabrique » pas, mais qu elle lui donne de la puissance .

Nous n'avons donc rien d' absurde dans ce cheminement là .
L' expérience de l'existence est orientée . La raison travaille en un sens( à l'intérieur d'un sens c'est à dire d'un désir,.celui de Dieu ) elle peut échouer à mi parcours ou atteindre le but .. selon la force du désir de Dieu .Alors elle comprend pourquoi elle comprenait le début du texte .

Pour tout dire je vois le corps 'Ethique comme l 'explication des axiomes de départ de telle façon qu'ils n'apparaissent plus comme des axiomes révélés par quelque transcendance mais comme fondés dans l'expérience de la raison ..ce qui peut forcer l 'adhésion dans le début de l'Ethique est le fruit d'une généalogie de la raison ainsi d 'un mouvement d' ascension .qui ne se connait pas encore .

Quand Dieu semble donné au lecteur qui adhère d'emblée aux définitions de la première partie ,c'est qu'un travail de la raison fut exercé aussi chez lui plus ou moins clairement et que Spinoza reprend clairement (de l'esprit , des affects ,de la servitude humaine ) .Dieu est au départ .Oui, sinon il ne serait pas à l’arrivée .Il n’y a donc pas démonstration de Dieu mais expression de Dieu ..

Hokousai

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Messagepar YvesMichaud » 05 avr. 2004, 02:15

En fait, le spinozisme et la philosophie de l'absurde partent d'un même constat: la liberté est irrationnelle. Ensuite, ils se divisent:

Spinoza dit: la liberté est irrationnelle, donc la liberté est à rejeter.

La philosophie de l'absurde dit: la liberté est irrationnelle, donc la raison est à rejeter.

Le choix d'une attitude ou de l'autre n'est qu'une affaire de goût et de préférence sentimentale.
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Messagepar hokousai » 05 avr. 2004, 12:58

cherYves
la cinquième partie de l Ethique, c'est :de la liberté humaine .
En faire une affaire de goût est tout à fait contraire à la lettre du Spinozisme, c'est une affaire de mode de connaissance .

Expliquez ( ou développez )ce que vous entendez par liberté et cela devrait pouvoir l'être ,mais tentez d' aller au fond du problème .
hokousai

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Messagepar YvesMichaud » 07 avr. 2004, 01:38

Cher Paul Herr Jean-Luc,

1. L'affaire de goût est contraire à la lettre du spinozisme, dites-vous. Oui, elle y est contraire une fois qu'on est entré dans le système, mais c'est une affaire de goût qui nous fait entrer dans le système.

2. Négativement, la liberté est l'exemption de la nécessité, extérieure et intérieure.

Positivement, la liberté est un pouvoir d'autodétermination, un pouvoir de faire ceci, ou de ne le faire pas.
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Messagepar bardamu » 14 avr. 2004, 22:22

YvesMichaud a écrit :Cher Paul Herr Jean-Luc,

1. L'affaire de goût est contraire à la lettre du spinozisme, dites-vous. Oui, elle y est contraire une fois qu'on est entré dans le système, mais c'est une affaire de goût qui nous fait entrer dans le système.

2. Négativement, la liberté est l'exemption de la nécessité, extérieure et intérieure.

Positivement, la liberté est un pouvoir d'autodétermination, un pouvoir de faire ceci, ou de ne le faire pas.


Pour Spinoza, dans le Court Traité :
"...libre non en ce sens qu'elle peut faire ou ne pas faire quelque chose mais en ce sens qu'elle ne dépend de rien d'autre, de sorte que tout ce que fait Dieu, il le fait et l'exécute en sa qualité de cause souverainement libre".
De même, la liberté de tout chose est dans la part d'elle-même qui détermine les autres parts. Pour l'homme ce sera notamment sa science qui le déterminera plutôt que les affections externes.

Pour Sartre :
"Être libre n’est pas choisir le monde historique où l’on surgit, ce qui n’aurait point de sens, mais se choisir dans le monde, quel qu’il soit.", L'Être et le néant
Il n'y a pas fondamentalement de liberté hors de l'homme. Il s'agit, pour l'homme, de travailler à s'auto-déterminer plutôt qu'à se laisser déterminer par "le monde historique où l'on surgit" qui est ce qu'il est.

Mais si je vois des convergences entre le spinozisme et l'existentialisme (monisme, immanentisme, éthique de l'engagement), il n'en reste pas moins d'énormes divergences notamment sur le rôle de la mort qui me semble omniprésente chez l'existentialisme et quasi-absente chez Spinoza.

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Messagepar Ulis » 16 avr. 2004, 10:30

Faisons simple: Au départ, il y a le conatus: l'effort pour persévérer dans son être. Dès lors - l'ignorant exercera cet effort au gré de ses pulsions et sera balloté par les causes extérieures, et il passera son existence à pâtir.
- Le sage, qui a conscience de son double déterminisme (interne/ vertical: génétique, sexe, race... externe/horizontal: environnement social, économique, culturel...) par son intelligence, rationalisera cet effort, exercera toute sa puissance pour son utilité propre, cheminera vers la perfection de son existence et aura le vrai contentement.
Pour Spi, la liberté n'a pas le sens commun de"pouvoir faire n'importe quoi" ! il a le sens de désaliénation, d'affranchissement, d'élévation, d'arrachement de ses déterminismes (libération toujours partielle).
Par exemple: Une personne génétiquement fragile du coeur se libère en suivant un régime alimentaire et sportif adéquats. Par contre, elle s'aliène en fumant ou par ses excès alimentaires.
Pour Spi. être libre de s'alièner est un non sens, alors que pour le vulgaire(qui plus est cardiaque) fumer est l'expression d'un droit donc d'une liberté. ULIS


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