Démonstration de l'existence de Dieu : une objection ?

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Vanleers
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Démonstration de l'existence de Dieu : une objection ?

Messagepar Vanleers » 14 août 2016, 10:52

La proposition 11 de la partie I de l’Ethique démontre l’existence de Dieu.
En fait, Spinoza donne successivement 4 démonstrations et nous nous intéresserons ici à la première.
Elle est très simple.
Spinoza a défini Dieu comme une substance (définition 6) et il a déjà démontré que « A la nature de la substance appartient d’exister » (proposition 7). Donc Dieu existe.
Soulevons toutefois une objection en rappelant d’abord la définition 6 :

« Par Dieu, j’entends un étant absolument infini, c’est-à-dire une substance consistant en une infinité d’attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie. »

Posons une définition 6 bis :

« Par substance E, j’entends une substance consistant en l’attribut Etendue »

La substance E existe en vertu de la proposition 7. Mais, si elle existe, Dieu ne peut pas exister car nous aurions deux substances ayant l’Etendue comme attribut commun : la substance E, d’une part, et Dieu d’autre part « dont nul attribut ne peut être nié (par la définition 6) » (E I 14 dém.). Or Spinoza a démontré que :

« Dans la nature des choses il ne peut y avoir deux ou plusieurs substances de même nature ou attribut. » (E I 5)

En réalité, cette objection ne tient pas comme on va le voir en approfondissant E I 5. On s’inspirera du cours oral de Pierre-François Moreau sur la partie I de l’Ethique qu’on peut écouter en :

https://www.canal-u.tv/video/ecole_norm ... _2_7.18947

Considérons 2 substances :
S1 ayant les attributs A et B
S2 ayant les attributs A et C
L’attribut A n’est pas une « propriété » de la substance S1 ou de la substance S2.
En effet, en vertu de la définition de l’attribut (E I déf. 4), chaque attribut « exprime la réalité ou être de la substance » (E I 10 sc.). PF. Moreau attire d’ailleurs l’attention sur le fait que, dans la proposition 5, il est question de plusieurs substances « de même nature ou attribut ».
L’attribut A exprime l’être d’une substance et, dès lors, S1 et S2 désignent nécessairement une même substance ayant les attributs A, B et C.
Revenons maintenant à l’objection concernant E I 11.
L’Etendue étant un attribut de Dieu, la substance E qui ferait l’objet d’une définition 6 bis désignerait également Dieu (en ne prenant pas en considération les autres attributs qui appartiennent à Dieu).
On voit d’ailleurs, en généralisant aux autres attributs (la Pensée et les autres attributs éventuels que l’homme ne connaît pas) que toute substance désigne Dieu puisque, de Dieu, par définition, nul attribut ne peut être nié. Autrement dit que :

« A part Dieu, il ne peut y avoir ni se concevoir de substance. » (E I 14)

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