Dans l'introduction de la troisième partie de l'Ethique, on lit : "Les affects donc de la haine, de la colère (...) suivent de la même nécessité et de la même vertu de la Nature que les autres choses singulières (reliqua singularia)"
Peut-on en conclure que tout affect est une chose singulière ? Et dans ce cas, puisqu'un affect est en même temps une affection et l'idée de cette affection (Définition 3 de la troisième partie), toute affection n'est-elle pas une chose singulière ? Par conséquent le cheval volant, en tant qu'image ou affection, est également une chose singulière. Et donc, une affection serait un individu corporel comme un autre, à ceci près que lorsqu'on l'imagine, on méconnaît sa véritable constitution et sa cause. Sommes-nous d'accord avec cela ?
Statut de l'affect
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Cette partie du forum traite d''ontologie c'est-à-dire des questions fondamentales sur la nature de l'être ou tout ce qui existe. Si votre question ou remarque porte sur un autre sujet merci de poster dans le bon forum. Merci aussi de traiter une question à la fois et d'éviter les digressions.
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- Vanleers
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Re: Statut de l'affect
A Miam
Je ne réponds qu’à votre première question, celle qui m’intéresse le plus.
Spinoza écrit :
« Les affects de haine, de colère, d’envie, etc., considérés en eux-mêmes relèvent de la même nécessité et vertu de la nature que toutes les autres choses singulières » (traduction de Macherey – qui inspire ce qui suit)
Spinoza traite tous les affects comme des choses. S’agissant d’une haine, par exemple, il dira : « Tiens, une haine, comme c’est intéressant » comme il aurait pu dire : « Tiens, une grenouille ».
Chaque affect, comme chaque grenouille, exprime une « vertu de la nature », au sens de sa puissance qui témoigne de sa nécessaire perfection.
Bien à vous
Je ne réponds qu’à votre première question, celle qui m’intéresse le plus.
Spinoza écrit :
« Les affects de haine, de colère, d’envie, etc., considérés en eux-mêmes relèvent de la même nécessité et vertu de la nature que toutes les autres choses singulières » (traduction de Macherey – qui inspire ce qui suit)
Spinoza traite tous les affects comme des choses. S’agissant d’une haine, par exemple, il dira : « Tiens, une haine, comme c’est intéressant » comme il aurait pu dire : « Tiens, une grenouille ».
Chaque affect, comme chaque grenouille, exprime une « vertu de la nature », au sens de sa puissance qui témoigne de sa nécessaire perfection.
Bien à vous
- hokousai
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Re: Statut de l'affect
Vous mettez au même niveau un amour singulier ( ou un état de haine singulier ) avec l' image d'un cheval volant envers lequel je n'ai a priori ni amour ni haine ...comment dire! L' imagination d 'un cheval volant est-elle un affect ? Bon admettons. Disons que je suis affecté comme je suis affecté par les rêves.
Quel est l' objet de cet "affect" ?
Je vois que l'objet en est une idée ( confuse peut- être ) mais pas un corps de la nature ( évidemment) ni un autrui.
On a donc une idée singulière (en l'occurrence une fiction ) et l'idée de cette idée ( conscience de cette idée ).
Ce n'est pas un"individu corporel ".
Il ne tombe pas sous le regard immédiat que l'idée d un cheval volant soit un individu corporel.
Ce n'est que si on fait jouer un parallélisme psycho-physique qu'on peut dire qu' il y a concomitamment un événement neuronal ( corporel ).
Le corporel on va le mettre là, dans le cerveau.
SI je vois un cheval volant dans la nature, alors la cause est entendue: j' en vois un .
Mais si je l'imagine où est et quelle est la cause ?
L affaire est bien plus obscure.
Il me faut chercher dans des idées antérieures.( cela est possible )
ET/ou chercher dans des modifications cérébrales antérieures .
Chercher dans des modifications neuronales antérieures on est très très loin d' y voir clair dans ce domaine.
Il est parfaitement impossible de voir ( actuellement ) à quelles modifications neuronales correspond
l 'enchaînement d'idées qui va me mener à imaginer un cheval volant.
A supposer que ce soit un jour possible.
Quel est l' objet de cet "affect" ?
Je vois que l'objet en est une idée ( confuse peut- être ) mais pas un corps de la nature ( évidemment) ni un autrui.
On a donc une idée singulière (en l'occurrence une fiction ) et l'idée de cette idée ( conscience de cette idée ).
Ce n'est pas un"individu corporel ".
Il ne tombe pas sous le regard immédiat que l'idée d un cheval volant soit un individu corporel.
Ce n'est que si on fait jouer un parallélisme psycho-physique qu'on peut dire qu' il y a concomitamment un événement neuronal ( corporel ).
Le corporel on va le mettre là, dans le cerveau.
SI je vois un cheval volant dans la nature, alors la cause est entendue: j' en vois un .
Mais si je l'imagine où est et quelle est la cause ?
L affaire est bien plus obscure.
Il me faut chercher dans des idées antérieures.( cela est possible )
ET/ou chercher dans des modifications cérébrales antérieures .
Chercher dans des modifications neuronales antérieures on est très très loin d' y voir clair dans ce domaine.
Il est parfaitement impossible de voir ( actuellement ) à quelles modifications neuronales correspond
l 'enchaînement d'idées qui va me mener à imaginer un cheval volant.
A supposer que ce soit un jour possible.
- Vanleers
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Re: Statut de l'affect
PS
Vous rappelez à juste titre qu'un affect est en même temps une affection du corps et l'idée de cette affection.
Prenons le cas d’une colère qui vous fait battre le cœur.
Si, appliquant E V 2, je cesse de penser à la supposée cause extérieure de ma colère et que je m’intéresse à mon rythme cardiaque, alors, écrit Spinoza, cette colère sera détruite.
Ce cœur qui bat plus vite exprime une vertu de mon corps et l’idée de cette affection, c’est-à-dire le sentiment de colère, exprime une vertu de mon esprit.
Vous rappelez à juste titre qu'un affect est en même temps une affection du corps et l'idée de cette affection.
Prenons le cas d’une colère qui vous fait battre le cœur.
Si, appliquant E V 2, je cesse de penser à la supposée cause extérieure de ma colère et que je m’intéresse à mon rythme cardiaque, alors, écrit Spinoza, cette colère sera détruite.
Ce cœur qui bat plus vite exprime une vertu de mon corps et l’idée de cette affection, c’est-à-dire le sentiment de colère, exprime une vertu de mon esprit.
Re: Statut de l'affect
Ca ne répond pas à ma question qui est pourtant claire : si j'imagine un cheval volant avec une certaine frayeur ou tout autre passion, ce cheval volant n'est-il que le faux objet de mon imagination en délire ou constitue-t-il quelque chose de réel, un individu corporel (et son idée comme essence objective) comme le "reste des choses singulières" ?
Re: Statut de l'affect
Miam a écrit : Par conséquent le cheval volant, en tant qu'image ou affection, est également une chose singulière. Et donc, une affection serait un individu corporel comme un autre, à ceci près que lorsqu'on l'imagine, on méconnaît sa véritable constitution et sa cause. Sommes-nous d'accord avec cela ?
Je ne sais pas si je suis d'accord car la question n'est pas si claire. C'est l'image du cheval volant qui est une chose singulière non le cheval volant lui-même.
Cordialement
Re: Statut de l'affect
Du tout : le cheval volant, c'est l'affection du Corps ou l'image que considère le Mental (voir par ex II 16 et 17).
Re: Statut de l'affect
Mais à ce cheval volant, on peut assigner plusieurs causes. C'est l'idée du cheval volant qui peut être mutilée parce qu'elle n'en assigne pas toutes les causes adéquates. Si tel n'était pas le cas, ce cheval volant serait considéré non comme un animal mais adéquatement comme une illustration ou un produit culturel. Il n'en demeurerait pas moins le cheval volant.
- Vanleers
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Re: Statut de l'affect
A Miam
E II 17 et 18, y compris démonstration, corollaire et scolie, ne règlent-ils pas le problème ?
E II 17 et 18, y compris démonstration, corollaire et scolie, ne règlent-ils pas le problème ?
Re: Statut de l'affect
Excusez moi, mais quel est au juste le problème?
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