Sfez: la communication expressive ou la dissidence Spinoza

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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cess
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Messagepar cess » 18 déc. 2013, 09:15

A Vanleers,

Cette question est cruciale,profondément pratique...

"S'il y a un style de communication propre à l'homme libre qui priviligierait la communication expressive à la representative par exemple?"

si je suis la logique de mes interrogations actuelles et la synthèse de Sfez concernant la communication expressive,un des champs de réponses les plus pertinentes se situerait peut-être du côté de cette bonne vieille approche systémique,
Rien de nouveau sous le soleil, mais des éléments essentiels à en retirer qui peuvent permettre , je pense , la construction de sa "posture d'aide" par l'homme libre

reprendre les travaux de Bateson, Watzlawick...

Voici les principes fondamentaux que Watzlawick extrait d'une logique de la communication, entre parenthèses mes intéreprétations hasardeuses de spinoziste ( si j'en suis une!):



1) On ne peut pas ne pas communiquer.(quelque soit l'individu en mouvement ou en repos; l'expressivité est totale, inhérente à l'humain, le visage , les mimiques, même le rythme respiratoire , les gestes, la démarche en disent long sur quelqu'un, l'observation est de mise, elle est dans l'instant, immédiate.....l'expressivité d'un mode en la Nature....oserais-je... traverser par la Vie?)

2) Toute communication présente deux aspects: le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par la suite est une métacommunication.( là peut-être, est soulignée la primordialité des affects, des contextes , qui unissent des individus, le contexte (familial, professionnel, amical) est plus que jamais à observer et à comprendre pour communiquer

3) La nature d'une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.

4) Les être humains usent de deux modes de communication: digital et analogique. Le langage digital possède une syntaxe logique très complexe et très commode, mais manque d'une sémantique appropriée à la relation. Par contre, le langage analogique possède bien la sémantique, mais non la syntaxe appropriée à une définition non-équivoque de la nature des relations. ( c'est aussi peut-être là où le bâts blesse, où nos n'arrivons pas à trouver ensemble de style de communication...)

5) Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu'il se fonde sur l'égalité ou la différence...(des individus qui ont plus que jamais le droit à être car en La Nature selon le principe d'immanence)

Sans être pour autant un thérapeute, il y a je crois à travers cette approche systémique, la possibilité de construire qqch pour mieux communiquer, aider....

voici un lien...

http://www.psychologue.levillage.org/sme1020/10.html

Bien à vous
Modifié en dernier par cess le 18 déc. 2013, 18:00, modifié 1 fois.

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Messagepar Vanleers » 18 déc. 2013, 10:46

A cess

Sur le site dont vous avez donné le lien, je relève cette phrase :

« Luidgi Onnis parle de circularité constructive entre observateur et système observé. Il voit le rôle du thérapeute comme celui d’introduire dans le système des éléments d’une plus grande complexité, d’introduire de nouvelles informations, de lui apporter d’autres choix possibles, d’autres alternatives, de façon à remettre en marche le processus évolutif. Selon ses dires, la famille créera elle-même les formes et les directions, tout à fait imprévisibles, de son propre changement. »

Je pense que l’homme libre intervient exactement comme le thérapeute dont parle Luidgi Onnis : il montre autre chose.

Son interlocuteur, comme lui-même et comme tout être humain, est auto-producteur et les conditions extérieures augmentent ou diminuent, aident ou répriment l’autoproduction de l’individu.
En montrant autre chose, l’homme libre ouvre le champ des possibles, propose d’autres alternatives et favorise ainsi la marche de ce processus évolutif qu’est l’autoproduction de l’individu.

Comment montrer cette « autre chose » en quoi consiste l’éthique ontologique de Spinoza ?

Je pense au point 5 de votre post dans lequel vous vous interrogez à propos du symbole comme langage universel.
Je fais le lien avec l’idée que ce que montre le sage se chante plus qu’il ne se dit car ce qu’il s’agit de communiquer, c’est que « le monde est en joie » (E V 35), sans doute l’ultime vérité de l’Ethique.

Bien à vous

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Re: Sfez: la communication expressive ou la dissidence Spino

Messagepar Vanleers » 03 janv. 2014, 16:58

A cess

Vous avez écrit, dans votre premier post de ce fil :

« Pour Sfez Palo Alto sans jamais le dire explicitement, se nourrit du spinozisme... »

Or, le « recadrage » est la technique reine de la thérapie de l’Ecole de Palo Alto.
Lucien Sfez y fait allusion à la page 58 du « Que sais-je ? » :

« Le changement, ou différence, est un changement de niveau d’information, un recadrage, c’est-à-dire la création d’un contexte. »

Qu’est-ce que recadrer ?
Donnons-en une définition empruntée à :

http://www.relatio.com/lexique/recadrage.htm


« Recadrer, c’est trouver un nouveau cadre à une expérience, changer le contexte conceptuel et/ou émotionnel. Avec le recadrage, il y a changement, même quand la situation demeure inchangée. »

Or, je soutiens que l’Ethique de Spinoza est, essentiellement, un recadrage que j’ai essayé de résumer par la formule : « Tout voir en Dieu car tout est en Dieu »
Il s’agit d’un recadrage ontologique, d’une nouvelle vision du monde.

L’un des principaux remèdes aux affects, celui que décrit E V 2, est lui-même un recadrage.
Il s’agit d’éloigner d’un affect l’idée d’une cause extérieure et de joindre à cet affect d’autres pensées, notamment l’idée de notre insertion en Dieu et l’amour correspondant qui, eux-mêmes, relèvent de ce recadrage ontologique cité ci-dessus.

Selon Spinoza, notre bonheur ou notre malheur dépend de notre capacité à recadrer notre situation, c’est ce qu’écrit aussi Sylvain Zac :

« […] il n’y a qu’un seul monde où se joue notre destinée, et notre bonheur ou notre malheur provient seulement de la façon dont, grâce à notre manière de connaître les choses, nous nous y situons correctement ou non. » (L’idée de vie dans la philosophie de Spinoza p. 197 PUF 1963)

Bien à vous

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Re: Sfez: la communication expressive ou la dissidence Spino

Messagepar cess » 03 janv. 2014, 23:47

Bonsoir Vanleers

et un grand Merci à Henrique car je peux enfin vous répondre.

D'abord, je note votre suivi de Sfez mais aussi votre citation de Sylvain Zac..Aviez-vous déjà "L'idée de vie dans la philosophie de Spinoza" en votre possession? Cet ouvrage n'est plus édité et rares sont les exemplaires en circulation...Vous êtes le premier qui y faites référence.
Je tiens pour ma part ce livre en haute estime. Les développements y sont d'une grande fluidité, l'érudition de Zac, les rapprochements qu'il opère sur les rapports de Spinoza au christianisme, au judaïsme ou peut-être sa judaïcité sont très concrets...Il est certes moins fouillé et spécifique que Wolfson (que je ne parviens à lire qu'en ciblant) mais quelle clarté je trouve!

Bref, je vous suis sur le recadrage..

"Recadrer, c’est donc aussi classer autrement les évènements de notre vie, analyser autrement le problème qui est le mien, pour m’apercevoir, en le changeant de tiroir, qu’il ne s’agit pas d’un problème, mais d’un avantage que je n’avais pas vu." ou " il n’y a qu’un seul monde où se joue notre destinée, et notre bonheur ou notre malheur provient seulement de la façon dont, grâce à notre manière de connaître les choses, nous nous y situons correctement ou non. » (L’idée de vie dans la philosophie de Spinoza p. 197 PUF 1963)"

Et comment l'homme libre peut-il amener l'ignorant au recadrage?
Accompagnement échanges, , questions pour pointer la carte et faire prendre conscience de l'étendue du territoire...
Une dialectique salutaire?

Bien à vous

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Re: Sfez: la communication expressive ou la dissidence Spino

Messagepar Vanleers » 04 janv. 2014, 11:34

A cess

J’ai trouvé le livre de Zac d’occasion sur Internet, il n’y a pas très longtemps. Je n’ai pas encore tout lu mais ce livre m’intéresse.
Quant au livre de Wolfson, il m’est souvent tombé des mains.

Vous posez, à juste titre, la question : « Comment l’homme libre peut-il amener l’ignorant au recadrage ? »
J’en ai parlé un peu, récemment, sur un autre fil : « Dépasser la phobie sociale avec l’ami Spinoza » du forum Spinozisme pratique.
Mais j’ai conscience d’avoir plus parlé de théorie que de pratique et vos suggestions (accompagnement, échanges, questions… : une dialectique salutaire) mériteraient d’être approfondies et expérimentées.

Bien à vous


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