recherche a écrit :Bonsoir,bardamu a écrit :Nous n'avons pas de connaissance sensible de Pi, sa mesure (quantification sensible) n'est qu'approchée, mais va-t-on dire qu'on n'en a pas la compréhension entière par sa seule définition ?
Il ne me paraît pas impossible d'argumenter positivement.
A vrai dire, je suppose qu'on serait alors dans une tautologie du genre : on définit la compréhension entière comme demandant une connaissance sensible des choses et donc, on n'a pas de connaissance entière de Pi parce qu'on ne peut voir l'infinité de ses décimales.
Certes.
Mais dans la pratique intellectuelle commune, on aura beau soutenir qu'on ne sait pas vraiment ce qu'est Pi, le fait est qu'on se sert effectivement de sa définition, que notre pensée l'utilise réellement et en tire des effets sans attendre d'avoir une infinité de décimales sous les yeux. La vérité comme norme d'elle-même, c'est un peu ça chez Spinoza : les idées ont l'évidente réalité qu'on les utilise, qu'elles s'affirment, qu'elles ont un effet, des implications qui modifient d'autres idées et, subséquemment, nos comportements.
C'est quand on imagine un type de réalité "plus vraie" qu'on juge celle qu'on a "moins vraie" et qu'on ne prend pas la vérité qu'elle contient pour "vraiment vraie" : vérité de jugement où le vrai fonctionnerait sur l'alternative binaire vrai/faux et pas sur la puissance effective d'une idée, sur la réalité qu'elle contient en tant qu'elle a un effet. On place le "vrai de vrai" dans un infini inaccessible pour ensuite juger sur cette logique binaire que sans cet inaccessible on est dans le non-vrai.
C'est d'ailleurs le problème de la chose en soi kantienne : on prétend qu'il y a une chose derrière le phénomène, la "vraie" chose, tout en disant qu'on ne peut pas la connaître. Comment saurait-on qu'il y a plus de vérité dans cette chose supposée puisqu'on ne peut la connaître ?
D'ailleurs, comment saurait-on que Pi a une infinité de décimales si on ne prend pour preuve de cette affirmation que le fait de les voir, chose impossible ?
Au demeurant, tant qu'à être insatisfait, on devrait même avoir du mal à dire qu'on a la connaissance de l'arbre qu'on a en face juste parce qu'on le voit. Parce qu'en fait, que sait-on par un ensemble de données sensibles ? Est-ce qu'on comprend ce qu'on voit ? Sait-on seulement si c'est une hallucination ou un objet extérieur à notre corps ? Le simple fait sensible de la vision n'est-il pas qu'un ensemble de taches de couleurs duquel on ne saurait rien tirer sans apprentissage ?