Henz a écrit :La philosophie... Elle trouve son fondement dans une technique oratoire, dont le seul objet fût de persuader, pas d'interroger.
... L'homme ne changera jamais, égocentrique et présomptueux...
En cela vous êtes cohérent avec vous-même. En revanche (nième illustration de "la critique est (très) facile, l'art est (très) difficile"), je ne vois pas de quel postulat vous voulez parler et plus généralement je ne vois aucune structure dans votre propos qui dise quoi que ce soit de consolidé, et encore moins de nature à couvrir la totalité perceptible. Et si le doute systématique est de mise, pourquoi "argumenter" sur quoi que ce soit (tel Pyrrhon d’Elis : suspendre son jugement sur tout, et donc se taire) ? Aucune raison de généraliser votre cas particulier du moment quoiqu’il en soit.
Il n’y a dans ces conditions pas lieu d’argumenter en réponse. Je soulignerai simplement quelques points :
- Si la vérité n'est pas norme d'elle-même (en opposition avec ce que Spinoza dit très explicitement), alors il n'y a tout simplement aucune pertinence à la notion même de "vérité", point (puisque toute sensation / perception / conception humaine appartient à la psyché humaine, laquelle ne peut donc sortir d’elle-même pour se comparer à autre chose.) Nous en revenons au pyrrhonisme précédent.
- Un postulat en Physique est une base admise comme vraie, et dont les conséquences sont systématiquement confrontées à la réalité (rappelons que, de même, sur le plan de la pure Logique, il est impossible de développer sans base d'axiomes, par nature antérieurs et non démontrés, évidemment.) Ce n'est donc nullement synonyme d'"invention arbitraire."
- Spinoza se base on ne peut plus logiquement sur l’ordre de l’Entendement (humain), qui commence nécessairement par les « choses » conçues par elles-mêmes, donc sans appel à une quelconque notion antérieure, savoir l’Être (qu’il distingue en « être étendu » - ou Étendue - et « être pensé » - ou Pensée, mais comme attributs d’un seul et même Être : Dieu – Nature naturée, sans forme.) Un saut ontologique y ajoute immédiatement, comme découlant de sa nature absolue, le Mouvement (« Energie cosmique », et son pendant pensé : l’Entendement infini ou Idée de Dieu), cause immanente de toutes les formes (Nature naturée.)
- Parfait contraire d’une simple rhétorique destinée à alimenter son orgueil, la philosophie de Spinoza – la « vraie Philosophie » – se « confronte » directement à la Logique et à la Nature dans son ensemble, avec toutes les multiples exigences (rigueur logique, diversité des faits constatables) que cela implique. Conjointement, loin d’être une philosophie purement théorique, c’est une (la) philosophie à vivre. Et cette philosophie a des avatars (ceci étant entendu : dégagés de toute superstition, rituel, etc.) de très grande renommée, millénaire (ce qui devrait inciter à quelque modestie) :
Bouddhisme et Védantâ (tiré de
http://www.cafe-eveil.org/archives/reincarnation.html sur la réincarnation, pour la qualité de la synthèse) :
Ananda K. Coomaraswamy, Hindouisme et bouddhisme, éd. Gallimard, coll. Idées, NRF, Paris 1949 :
… p. 94 : " Dans la doctrine brahmanique, notre Soi ou notre Personnalité intérieure, immortelle, imperturbable et bienheureuse, la seule et la même pour tous les êtres, est Brahmâ immanent, Dieu en nous ['Brahmâ', le dieu Créateur, étant le masculin de 'Brahman', le principe suprême, l'Absolu, 'Brahman' non qualifié, sans attributs] ('Rig Vêda Samhitâ', I, 115, 1, ). " ; pp. 97-98 : " C'est ainsi que le Vêdânta et le Bouddhisme s'accordent entièrement pour affirmer que, s'il y a bien transmigration, il n'y a pas d'individu qui transmigre. " ; p. 123 : " Nous sommes contraints par la logique des Ecritures elles-mêmes de dire qu'Agnêndra, Bouddha, Krishna, Moïse et Christ sont les noms d'une seule et même 'descente' dont la naissance est éternelle [...] " …
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"Il y a un non né, non causé, non créé, non formé. S'il n'y avait pas ce non né, non causé, non créé, non formé, nul sortie de ce monde né, causé, créé, formé ne serait possible.
"Mais puisqu'il y a un non né, non causé, non créé, non formé, il est possible d'échapper du monde de ce qui est né, causé, créé, formé."
La Parole du Bouddha, Dodanduwa, Ceylan, Traduction française de M. La Fuente, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien Maisonneuve, 5, rue Tournon, Paris (6e), 1948, page 41
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Auditeur: Mais, alors, la réincarnation ?
Maharshi: La réincarnation n'existe que dans les limites de votre ignorance. Il n'y a pas de réincarnation, il n'y en a jamais et il n'y en aura jamais. Voilà la vérité.
Auditeur: Mais que devient alors l’ego?
M.: L’ego apparaît, disparaît. Il est éphémère, transitoire, tandis que le Soi demeure permanent. Bien qu’en vérité vous soyez effectivement le Soi, vous persistez à identifier le Soi réel avec le faux Soi, l’ego.
L'Enseignement de Ramana Maharshi, éd. Albin Michel, collection Spiritualités vivantes, Paris 1972, n° 320, p. 310
Stoïcisme : (tiré de
http://www.lycee-chateaubriand.fr/cru-atala/publications/lagree.htm#FN10)
Lorsqu’ils définissent la nature, les stoïciens ne l’identifient pas d’emblée à Dieu. La nature dit Zénon, est « le feu artiste procédant par méthode à la génération » (DL VII 156. Cicéron, De la nature des dieux, (DND) II xxii, 58), un souffle igné et artisan. La nature a donc la même caractéristique que l’âme (c’est un souffle chaud) à peu de chose près mais qui n’est pas mince : c’est un feu artiste, ce qui nous renvoie à la définition de Dieu. La première définition de Dieu, c’est le Logos, l’ordonnateur des choses de la nature et l’artisan de l’univers, le destin, la nécessité des êtres. Le stoïcisme ancien n’assimile pas d’emblée la nature et Dieu mais leur donne les mêmes caractères : ce qui maintient toute chose, un artiste qui veille et pourvoit à l’utilité et à l’avantage de toutes choses, prévoyant et industrieux, providence rationnelle, etc. Bref, entre Dieu et la nature, il y a le Logos qui fait le lien. Le stoïcisme impérial, lui, n’hésite plus devant l’identification, et la nature devient un nom de Dieu parmi d’autres : « La nature a fait tout cela pour moi. Tu ne comprends pas qu’en prononçant ce nom tu ne fais que donner au dieu un autre nom ? Qu’est-ce d’autre que la nature sinon Dieu et la raison divine, immanente à la totalité du monde ainsi qu’à ses parties ? De quelque nom qu’on puisse appeler Dieu pour caractériser sa puissance, ses noms peuvent être aussi nombreux que ses bienfaits. Il peut être appelé Providence, nature, monde, Destin, Hercule ou Mercure. » (Sénèque, Bienfaits, IV, 7.)
Christianisme : Actes des Apôtres 17 : 22 Paul, debout au milieu de l'Aréopage, dit: Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards extrêmement religieux. 23 Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j'ai même découvert un autel avec cette inscription: A un dieu inconnu! Ce que vous révérez sans le connaître, c'est ce que je vous annonce. 24 Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples faits de main d'homme; 25 il n'est point servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. 26 Il a fait que tous les hommes, sortis d'un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure; 27 il a voulu qu'ils cherchassent le Seigneur, et qu'ils s'efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun de nous, 28 car
en lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être.
(Peut-être influencé par le stoïcisme, d’ailleurs - outre la connaissance des « gymnosophistes » indiens et de leur philosophie dans la même période hellénistique -, les grecs étant pour beaucoup dans le développement du Christianisme : voir par exemple
http://www.chemins-cathares.eu/030400_stoicisme.php.)
Connais-toi toi-même.