J'ai récemment parcouru un article concernant la sortie d'un livre consacré à Hegel et édité chez CERF . On y trouve pas moins de 26 intervenants et non des moindres.
Dans l'un de ces articles il y est fait référence a l'interprétation hégélienne de la substance spinoziste : pour lui cette substance serait substance morte, sans mouvement ni désir .Hegel reproche a la substance spinoziste de nier le devenir et la dialectique et que "Spinoza n'aurait rien compris au travail du négatif ".
Dans cet article précité, il ne s'agit pas de défendre cette thèse mais plutot de renvoyer Deleuze , critique de Hegel, a ses insuffisances ( Deuleuze a traité Hegel de débile quand il disait que Spinoza n'avait rien compris au pouvoir du négatif ).
Bref, la thèse dans cet article serait celle ci (je cite) :
"la plus forte critique lancée contre les lectures deleuziennes se trouve dans l’article de Jean-Christophe Godard, commentant un cours de Deleuze de 1974 où ce dernier traite Hegel de « débile » - on appréciera la nuance deleuzienne… La raison de cette insulte repose sur une théorie des affects prêtée par Deleuze à Hegel, qui serait incapable de penser la joie et la tristesse, et qui en resterait, comme toujours à la « solitude intolérante et abstraite de l’Idée abstraite (…). » [10] Contre ce reproche, Godard va montrer combien la lecture deleuzienne repose sur un contresens qui ne comprend pas la Préface de 1827 de l’Encyclopédie, où Hegel dépasse le § 151 en vue de prendre en compte le niveau où, dans le spinozisme, se présentent aussi l’homme et le rapport de l’homme à la substance, ce qui signifie que le caractère improductif de la Substance désigne, selon Hegel, le seul premier livre de l’Ethique, sans prendre en compte les autres parties, traitant de la servitude et de la liberté humaines ; dès lors, les attaques deleuziennes manquent l’essentiel de la lecture hégélienne. Pis, nous dit Godard : « C’était en réalité donner raison à l’analyse de Hegel en 1827 : avoir seulement la substance ou l’Idée devant les yeux, abstraction faite de toute théorie des affects, appelle immanquablement l’insulte philosophique par excellence, celle d’avoir l’identité pour principe – car le « débile » est un autre nom de l’Improductif. » [11]
Mais pourquoi Deleuze en vient-il à insulter de la sorte Hegel ? Cela tient au contresens deleuzien sur la notion d’ « à côté » ; il y a des modes à côté de la substance, et toute la question porte autour du sens qu’il convient d’apporter à cet à côté ; à cet égard, la réponse de Godard est sans ambiguïtés : « Il n’y a de philosophie de la différence que comme une philosophie de l’identité et de la différence. Insistons : c’est pour ne pas voir ensemble les modes à côté de la substance, la différence à côté de l’identité, c’est-à-dire pour ne pas les comprendre l’un et l’autre uniquement à travers leur rapport de tension réciproque, d’adversité, que l’on en vient à insulter une philosophie au nom de la différence. Cet « à côté » n’est pas un « en dehors », il ne signifie pas l’indifférence réciproque des termes en présence, mais bien plutôt leur véritable ajointement, c’est-à-dire leur dépendance et leur implication réciproques. » [12] Hegel est donc parvenu à s’élever de l’identité abstraite de la substance spinoziste, caractéristique du premier livre, à un rapport duplice à la différence, ce que ne voit pas Deleuze, et ce qui mène à ce dernier à l’insulte facile, au nom de ce que Godard appelle la « différence sauvage ». "
Ma question concerne les 5 dernières phrases du résumé de l'article :
S'il l'on en croit Mr Godard (je ne sais même pas qui c'est ) Hegel n'aurait donc pas du tout critiqué Spinoza , mais n'aurait pas pris la même direction que Spinoza quant au "destin de la substance " .
Merci pour vos éclairages .
