Dépasser la phobie sociale avec l´ami Spinoza

Questions touchant à la mise en pratique de la doctrine éthique de Spinoza : comment résoudre tel problème concret ? comment "parvenir" à la connaissance de notre félicité ? Témoignages de ce qui a été apporté par cette philosophie et difficultés rencontrées.
JaneDob
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Dépasser la phobie sociale avec l´ami Spinoza

Messagepar JaneDob » 21 déc. 2013, 20:58

Hello,

Je vais essayer de pas trop faire "Doctissimo" dans mon post, mais lá c´est un cas très concret que je voudrais aborder :wink:

Voila je m´interesse a Spinoza depuis quelques mois deja, et j´ai surtout lu de la vulgarisation car je ne suis pas parvenu a rentrer dans l´Ethique pour l´instant.

De ce que j´ai compris, la philosophie de Spinoza est une philosophie de l´affirmation. J´ai essayé de comprendre un peu de ce que Spinoza appelle determinisme et liberté.

Essayant de mettre en pratique cela, je me retrouve pourtant bloqué.

En gros voila la situation: je pense que je souffre d´une sorte de phobie sociale (ou inhibition) et tout mes rapports avec des groupes de gens que j´aime deviennent un enfer intérieur a vivre.

J´essai alors de mettre en pratique Spinoza:
Je me dits que les choses sont deterministe, donc je ne peux ni regretter ni culpabiliser pour ce que je suis en train de vivre/faire.
D´après Spi, mes pensées sont deterministes donc je ne peux pas stopper la rengaine infernale qui tourne dans ma tête a ce moment là, et oú je n´arrive pas à faire autre chose que me dévaloriser.

Pris dans un torrent où je n´ai aucune prise, et où la souffrance remplace le plaisir qui devrait être celui d´être avec un groupe de gens que j´aime, je me demande:
    - Où est ma capacité d´agir la dedans?
    - Où est ma liberté?


De ce que j´ai compris, chez Spi actions et liberté apportent de la joie.
Pour l´instant mon inhibition m´apporte beaucoup de souffrance et je n´arrive pas a voir une capacité d´action possible, ni comment m´affirmer.

Merci d´avance pour vos éclaircissements.

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Phobie sociale et spinozisme

Messagepar Vanleers » 22 déc. 2013, 14:48

Gringo a écrit :Hello,

Je vais essayer de pas trop faire "Doctissimo" dans mon post, mais lá c´est un cas très concret que je voudrais aborder :wink:

Voila je m´interesse a Spinoza depuis quelques mois deja, et j´ai surtout lu de la vulgarisation car je ne suis pas parvenu a rentrer dans l´Ethique pour l´instant.

De ce que j´ai compris, la philosophie de Spinoza est une philosophie de l´affirmation. J´ai essayé de comprendre un peu de ce que Spinoza appelle determinisme et liberté.

Essayant de mettre en pratique cela, je me retrouve pourtant bloqué.

En gros voila la situation: je pense que je souffre d´une sorte de phobie sociale (ou inhibition) et tout mes rapports avec des groupes de gens que j´aime deviennent un enfer intérieur a vivre.

J´essai alors de mettre en pratique Spinoza:
Je me dits que les choses sont deterministe, donc je ne peux ni regretter ni culpabiliser pour ce que je suis en train de vivre/faire.
D´après Spi, mes pensées sont deterministes donc je ne peux pas stopper la rengaine infernale qui tourne dans ma tête a ce moment là, et oú je n´arrive pas à faire autre chose que me dévaloriser.

Pris dans un torrent où je n´ai aucune prise, et où la souffrance remplace le plaisir qui devrait être celui d´être avec un groupe de gens que j´aime, je me demande:

    - Où est ma capacité d´agir la dedans?
    - Où est ma liberté?

De ce que j´ai compris, chez Spi actions et liberté apportent de la joie.
Pour l´instant mon inhibition m´apporte beaucoup de souffrance et je n´arrive pas a voir une capacité d´action possible, ni comment m´affirmer.

Merci d´avance pour vos éclaircissements.

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Edit Admin : le post ainsi que le compte de Gringo ont été supprimés à la suite d'une intervention contre le spam. Gringo semble être au final une victime collatérale de cette bataille. Il devra malheureusement se réinscrire s'il veut répondre à Vanleers, ainsi que tous les êtres humains qui nous ont rejoint après le 20 décembre 2013. Avec toutes nos excuses.
Henrique

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A gringo

C’est dans la cinquième partie de l’Ethique, plus précisément dans la première moitié de cette partie, que Spinoza étudie les remèdes aux affects.
Il les récapitule dans le scolie de la proposition 20.
Auparavant, il avait formulé des principes de vie dans le scolie de la proposition 10.

J’attire toutefois votre attention sur la proposition 2 et le scolie de la proposition 4.

1) A mon point de vue, la proposition E V 2 a une grande importance pratique.
Elle comporte deux volets :

a) Premier volet
Il s’agit, d’abord, d’« éloigner » (amoveo : éloigner, détourner, écarter – ce que Misrahi et Guérinot rendent par séparer) une émotion de l’âme de la pensée d’une cause extérieure.
C’est-à-dire de se dés-inter-esser, de se déprendre de ce que nous imaginons être la cause de l’affect, de décrocher, de s’en libérer.
Comment est-ce possible ?
La réponse est en E V 3 : en formant une idée claire et distincte de cet affect.
Mais, à son tour, comment ceci est-il possible ?
Parce que « il n’y a pas d’affect dont nous ne puissions former quelque concept clair et distinct », dit le corollaire d’E V 4.

b) Deuxième volet
Il s’agit ensuite de « joindre d’autres idées à l’affect »
Parmi ces idées, il y a l’idée de notre insertion en Dieu et l’amour correspondant.
La connaissance de cette insertion et de cet amour est obscurcie par le lien spontané que nous établissons entre l’affect et une cause extérieure.
Le premier volet d’E V 2 nous a invité à rompre ce lien, à pratiquer cette déliaison, (et nous avons compris que c’était possible en lisant E V 4 puis E V 3) afin de vivre aussi pleinement que possible dans cette connaissance et dans l’amour intellectuel de Dieu.

2) Le scolie d’E V 4 revient précisément sur les propositions 2, 3, 4 et leurs corollaires.
Il explique que le meilleur remède aux affects consiste à faire intervenir dans le déroulement de la vie affective les procédures de la connaissance rationnelle.

Bien à vous

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Re: Dépasser la phobie sociale avec l´ami Spinoza

Messagepar Vanleers » 03 janv. 2014, 17:03

A (gringo)

Vous aviez intitulé ce fil « Dépasser la phobie sociale avec l’ami Spinoza »

A la suite d’un problème informatique, cet intitulé a disparu de la liste des fils ainsi que votre premier post dans lequel vous écriviez que vous souffriez de phobie sociale.
Comme l’explique l’administrateur du site, vous-même avez été rayé de la liste des inscrits à Spinozaetnous.

Ces événements imprévus vous montrent la voie spinoziste de libération.

Une phobie sociale est un affect passif, c’est-à-dire une passion. Or toute passion est une passion du « je ».
Ici, un supposé « je » a peur d’autres supposés « je ».
Or, qu’est-ce qu’un « je » ?

Pour parler de « je », à propos d’un homme, il faudrait que cet homme soit doté d’une volonté et, donc, d’un libre arbitre, facultés récusées par Spinoza.
Un homme libre s’est doublement libéré du « je » : de l’idée qu’il serait un « je » et de l’idée que les êtres humains qu’il rencontre seraient également des « je ».
Un homme libre ne parle plus en « je » mais en « on ». Lorsque, par exemple, il écrit : « Je soutiendrai ici cette thèse », il faut comprendre : « On soutiendra ici cette thèse ».

Sans parler explicitement de « je », Spinoza expose en E V 5 et 6 comment s’opère cette libération.
Constatons qu’il est inévitable qu’un homme, chose finie parmi d’autres choses finies, soit constamment tenté d’être repris par la passion du « je » (cf. E IV 4).
Cette propension est encore renforcée par tous les personnalismes qui s’appuient, directement ou indirectement, sur l’idée d’un Dieu personnel dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs millénaires.

La méthode radicale du Docteur Rasibus est, ici, parfaitement justifiée : « Supprimez le malade et vous supprimez la maladie ».
En réalité, ce qu’il s’agit de supprimer, c’est une illusion : l’illusion d’un « je » (que l’on peut appeler « ego », ou bien « moi » et même en distinguant « moi superficiel », « moi profond » - ou authentique, ou véritable, etc.).

Suivant Spinoza, « on » dira qu’une phobie sociale est une erreur de perspective, une erreur d’appréciation du statut de l’homme : être modal et non substantiel.
Un recadrage ontologique sera donc le bienvenu.

Bien à vous


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